L’ambulance, et ses discussions de bistrot, à croire que les sujets comme le métier n’ont pas évolué. Depuis près de 10 ans où moi-même et mon équipe prenons le temps de créer du contenu, rédiger des articles didactiques, reportages ou partage de tranches de vie, réactions chaudement alambiquées en réaction à des sujets parfois usant à destination des ambulanciers et autres acteurs de la chaine du soin.
Depuis ces 10, voire même 14 années si on en suit le calendrier de création du site j’ai vu fleurir pas mal de sujets de discordes ici et là. Mais mon constat après tout ce temps ? Une formidable envie de manger du popcorn pour revoir pour la énième fois ma série préférée. Mais c’est quoi cette analogie pourrie ?
Sujet récurrent dans l’ambulance
Il y a une chose qui est certaine c’est que l’ambulancier nuit à sa propre profession. Il en est un fossoyeur. Pourquoi ? Car il n’évolue absolument pas du tout et reste campé dans sa mare à poisson rouge. Et je peux vous assurer que c’est un problème qui touche aussi bien salariés que chefs d’entreprise. Bien entendu et comme souvent ce ne sont pas les acteurs de cette problématique qui vont lire l’article mais bien ceux qui en sont sortis depuis longtemps.
L’ambulancier adore râler, surtout depuis son canapé ou depuis son siège accompagnant dans la cellule sanitaire. Une manière de casser un peu la morosité ambiante et de faire une pause entre deux parties de solitaire endiablées sur son portable. Le patient étant accessoirement devenu un pote de comptoir comme anciennement au bistrot où on venait refaire le monde. On râloune, on houspille, le monde va mal et la profession sombre. Mais c’est la faute de l’état/du patron/choisissez une cible.
Ministère de la santé et formalités d’admission, c‘est comme le prix de la baguette et les impôts
Je pense que certains lecteurs auront saisi la finesse (ou pas) de mes propos et devinent déjà là où je vais en arriver. Je ne suis pas auteur de diatribes ou de critiques (quoique…) c’est juste un état de fait. On pourra m’opposer que je n’ai qu’à faire quelque chose de mon temps au lieu de le perdre à écrire.
Comme toujours j’opposerais le fait que mon œuvre et celles de mes collègues a toujours été en faveur et pour faire avancer la profession sur le plan de la pédagogie et de l’information au grand public, tout comme être aux service des ambulanciers. Mais faute de renforts humains motivés et impliqués l’aventure n’a jamais vraiment pu prendre de tournure plus poussée. Ce n’est pas faute d’avoir essayé mais passons.
Comme toujours plus j’avance dans le temps e plus je me rends compte que les sujets récurrents que j’ai connu au début dans le métier d’ambulancier restent et demeurent encore et toujours la plèbe des thématiques centrales des discussions. Un peu comme des sujets récurrents au marché du coin où les retraités qui viennent faire leurs courses et continuent de palabrer ad vitam aeternam.
Un petit florilège des thèmes ambulanciers les plus appréciés
On pourra évoque le passage vers le ministère de la santé. J’avais écrit un torchon à ce sujet. Je dis torchon car la lecture a dû offusquer les ferveurs défenseurs de la cause perdue d’avance. Forcément quand c’est vide de sens…
Après on va parler des formalité s d’admission. Je le reconnais ça reste une problématique, même si là encore l’existence du fameux forfait fantôme pour formalités administratives continue de faire couler de l’encre. De là à en faire encore et encore des sujets redondant au lieu d’essayer de faire avancer la chose en local avec la direction de vos entreprises et des établissements de santé…
Quand tout le monde fait front, en usant de manières intelligentes on peut avoir des résultats. Mais là encore faut-il se bouger. 1000 qui disent oui, mais seuls 3 iront dans la file pour aller vraiment en faire quelque chose. En clair : avoir de la gueule c’est bien, agir c’est mieux. Oupsss j’ai déjà perdu du monde en route. Et ça c’est le cœur du problème. Bêêêêêê…..
Parlons ensuite salaire, puisque c’est le sujet brulant qui agite les chaumières. A cela je répondrais que des syndicats représentatifs existent et que pour que ces derniers puissent avoir voix au chapitre il faut déjà adhérer. Vous n’aimez pas les syndicats traditionnels ? Durant de longues années de nombreux ambulanciers ont tenté et tentent encore de se bouger. Mais faute de membre forcément la démarche use, épuise. Mais c’est plus facile de râler depuis le canapé. Ah ces syndicats qui se branlent la nouille. Cotiser ? aaaaaaaaaaaah jamais pour payer des fainéants et pi’ mon salaire qui ne bouge pas. La réponse est là.
Sauvez Willy l’ambulancier
Les associations, organismes comité et j’en passe qui vont sauver le monde ambulancier on en a vu passer aussi. Sorti des fonds des réseaux, sans identité assumée et avec des griefs digne d’une révolution française on en a vu passer. Des organismes avec des ambitions plus mesurées, des objectifs plus terre à terre aussi mais pareil : faute d’engagement ou de ne pas s’occuper de question de ministère et de salaire ils ont vu leur travail ignoré. Encore une fois : commenter les réseaux c’est bien, se bouger réellement c’est mieux. Quand je vous dis que c’est à comparer à des discussions de bistrot… 100 pour en parler mais dès la porte de dehors passée tout le monde file à la maison le dos courbé sans faire de vagues.
Quand aux chefs d’entreprises réellement motivés par la portée de leur métier à des valeurs d’aujourd’hui il y en a, il y en a eu, il n’y en a plus beaucoup. Eux aussi ils ont essayé. Ils ont eu des problèmes. Dans l’ambulance on préfère les syndicats de patrons feutrés et financiers aux patrons de terrains.
On « dîne », on assiste à des colloques en salon, on s’auto congratule, entre costume sur mesure et belle voiture on préfère avancer sur le transport assis et le double auxiliaire en ambulance car mazette monsieur le conseiller de l’adjoint du cabinet du ministre, rendez-vous compte on ne peut fidéliser nos employés. Et en plus il faudrait qu’on les paye ! Ahahahaha ils ont de l’humour. D’ailleurs on devrait investir quelques milliers d’euros pour optimiser les minutes de perdues entre chaque transport. Rendez-vous compte ils en profiteraient pour boire un café. On les paye bien assez cher déjà. Mais rendez vous compte de nos avancées ! Oui en fait elles sont juste servi une minorité.
A côté de ça et durant ce temps progressent, tranquillement et sans se cacher des institutions mieux armées, mieux organisées qui doucement avancent et assoient leur autorité. L’ambulancier vient ensuite s’offusquer mais forcément à préférer des combats de statistiques et de rentabilité le cœur du métier va se voir mangé. Ou c’est ptet déjà fait. Cœur du métier mais aussi quelque part symbole d’attractivité. On parle du transport programmé ? Nullement ne vous en doutez bien.
L’ambulancier n’est pas un livreur, ni un routinier
Comme toujours beaucoup ont oublié que l’ambulancier choisit ce métier pour servir et non se servir. Oui les missions classiques du transport sanitaire sont de mise mais l’ambulancier aime aussi l’autre aspect du métier : l’imprévu, l’urgence, les interventions qui font le sel de son métier. Et puis aussi peut-être parce qu’on l’a formé et attiré avec ces aspects. Bref 10 ans après les sujets demeurent et restent, reviennent et tourbillonnent. Rien n’a avancé.
Ni la connaissance du métier auprès du public, encore moins auprès des professionnels de santé. On demeure dans un cliché vieillot, cloisonné à un mode de transport. L’ambulancier réalisateur d’étiquette et simple chauffeur. Aujourd’hui le métier n’attire plus, ne paye plus (mince c’était déjà le cas avant), et les seules missions encore attractives vont un jour finir par être minoritaire voire déléguées à d’autres. De là à retrouver la bonne vieille blouse et la CX il n’y a qu’un pas.
Mais l’ambulancier n’est pas un acharné, il continue de désolidariser. Reste encore et toujours des noyaux de passionnés qui sont eux même noyés entre amateurs de selfies et conversations dépassées. Comment donner encore envie aujourd’hui pour croire en une profession qui sert et apporte beaucoup à l’humain ? Nos patients ont et auront toujours besoin de nous. Espérons qu’un jour on arrivera enfin à démontrer à tout à chacun que notre métier véhicule de vraies valeurs, possèdes des compétences et des gens passionnés. Mais pour que ça perdure il faudrait peut être commencer à se lever.
Alors j’ai envie de dire : si vous souhaitez que ça change que ça évolue. Arrêtez de rester coincé dans des problématiques accessoires. Commencez par organiser des actions informatives et pédagogiques. Cherchez à créer des actions plus solidaires et utiles que de rester tourner sur des futilités de comptoirs. N’oubliez jamais que le patient, dans tout ce que vous faites même les taches les plus ingrates, c’est pour lui que vous travaillez et réalisez ces démarches, actions, gestes.
Je pense que dans dix ans je pourrais revenir, rien n’aura bougé. Ah si j’aurais peut être voire sûrement à mon tour raccroché comme j’ai déjà commencé à le faire. Non pas par manque de conviction mais par disparation de ce qui était une passion.