La prime, le ministère de la santé des ingrédients pour un billet. Ce que je lis ces derniers jours, malgré ma nette mise en recul des lieux de discussions de la profession, m’interpelle. Comprenez par recul ma volonté de me retirer plus ou moins des espaces de discussions sur les réseaux, qui sont venu supplanter les forums de discussion. Sur ces lieux point trop n’en faut en termes de réflexion. A la place de débats profonds ou de sérieuses interrogations on échange à coup de selfies douteux, de vidéos, de promotions d’autres groupes qui vont et viennent et disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés.
Mais où est la discussion ? Celle qui unît des professionnels de santé reliés autour de sujets vraiment important, construis et réfléchi. A l’heure des débats de comptoirs digne du pire bistrot des sports je pense qu’il est temps d’arrêter de vous plaindre et d’éponger vos déboires.
Primes de soignant pour ambulancier c’est inexistant
Remettons les choses dans leur contexte sur les sujets brûlant de ces lieux de débats passionnants. L’état compte offrir aux soignants des primes. Sur fond de lutte contre la crise du Covid 19 l’effort des soignants à ce combat long et difficile est reconnu et pris en compte. Maigre pansement sur une économie d’échelle appliquée aux hôpitaux depuis si longtemps c’est à mon sens un début de prise de conscience. Mais les ambulanciers crient haut et fort leur présence sur le combat en première ligne.
Je n’oserais jamais remettre en cause cette participation exemplaire, ce dévouement de la part de mes collègues. Jamais. Les ambulanciers luttent lutteront encore et toujours en première ligne dans ce combat. Mais une chose importante est à mentionner : la prime est dédiée à la fonction publique hospitalière. Dans un nombre restreint et dans des conditions définies. L’ambulancier est issu du secteur privé. Pour ce faire l’entreprise dispose du fameux levier appelé vulgairement prime Macron que l’employeur peut verser à ses employés en échange d’avantage partagé.
Cette prime peut se monter jusqu’à 2000 euros. Comme d’autres professionnels eux aussi touchés, mis en avant et en constant contact avec le public peuvent en bénéficier. Oui l’ambulancier est en première ligne mais le caissier du supermarché n’est-il pas non plus lui aussi exposé ? Le caissier c’est pareil c’est son entreprise qui lui verse ou pas. On ne peut satisfaire le monde entier.
N’y a-t-il pas de sujets plus important qu’une prime ? N’y a t-il pas des exigences de qualité à exiger avant cette prime ? N’y a-t-il pas des critères de qualité à respecter avant cette prime ? N’y a t’il pas des combats plus urgent comme l’équipement et l’hygiène ? L’espérance de voir vos entreprise survivre face à cette crise économique sans précédent ?
Quand l’ambulancier comprendra
Il y a un moment où il faut être capable de se battre pour un combat qui en vaut la peine. Passé la prime on vient ressortir les pétitions poussiéreuses de l’ambulancier qui se doit de dépendre du ministère de la santé. Pétition à succès il y a 8-10 ans, car oui voyez-vous je suis toujours là après 11 années à constater les mêmes combats infructueux, l’inexistence permanente de cohésion parmi les ambulanciers, les piles de sujets diversifiés et creux comme un gouffre, les débats stériles qui n’ont jamais rien apporté.
Les organisations désorganisées qui restent bloqués sur des vestiges d’un passé. A un moment il faut s’arrêter et écouter. Ecouter ceux qui tentent malgré tout de vous faire entendre raison. Ceux qui au milieu des cris tentent de vous démontrer qu’il existe d’autres priorités. Et le changement de ministère c’est tout sauf une priorité. Vu la merde à balayer devant la porte des ambulanciers, changer de ministère c’est vraiment la dernière des choses à crier.
Les priorités toujours oubliées
Ah les priorités on les oublie vite. Quand on parle de rassembler des gens autour d’une cause on ne trouve plus personne : information, compréhension, explication. Là où on retrouve l’ambulancier c’est dans les questions de salaires, les post à selfies, les questions creuses. Mais lorsqu’on commence à parler de sérieux, de tenue uniformisée, de respect de la règlementation, de passion, de révisions, de prise en charge de qualité les trois quarts des sujets sont vite oubliés. On préfère répondre à des sujets plus légers.
Besoin de décompresser on le comprend mais avant de venir réclamer et exiger il serait temps qu’on soit tous unis et capable de répondre présent. Tous capable de démontrer que nous sommes des soignants qualifiés. Pas des touristes en short et tong qui se pointent avec des brancards dégueulasses, des prise en charge digne de la préhistoire et du je m’en foutisme à revendre. Ais je généralisé ? Non mais ne me dites pas que le contraire l’est. Au lieu de vous prendre la tête sur « est ce que je dois utiliser les trois tons ou les deux tons ? »
Il serait peut-être et à un moment important de se dire : posons-nous, réfléchissons et regroupons nous de façon intelligente. J’ai vu des gens cracher sur une association qui pendant que braillent les privés, tentent de se faire entendre de façon bien plus posée, avec manière et qualité.
Quand on tape sur ceux qui souhaitent vous mettre en avant
Travaillons ensemble pour que la profession change. Lutte de patron ? Forcément si vous commencez à réfléchir de cette façon le non-sens prend les devants. Intellectuels. ? On préfère taper sur ceux qui alertent et véhiculent les bonnes pratiques, voyagent et rédigent, interrogent, remettent en question, interpellent. La faiblesse commence au moment où quand on se sent blessé par des réflexions sensées. Lorsqu’on vous remet en question. Alors sur celui-là on tape dessus, crache dessus, on l’insulte, on le broie. Le troupeau entier de mouton lui passe dessus.
De toute façon c’est l’ambulancier parfait à la boite parfaite il ne comprend rien. Il se prend pour un docteur. Et ses potes pareil ils ont le verbe haut, la parole riche, ils ne prônent pas le lol, mdr, ne publient jamais de selfies. Non ils ont juste envie de réunir, informer, comprendre. A un moment donné il essaient de remettre un cadre, alerter. Ce sont justes des put…. de passionnés. Mais je crois que le message n’est toujours pas passé. Je ne suis pas concerné mais certains de mes rédacteurs oui.
Ces rédacteurs qui ont œuvré, travaillé et agissent avec passion depuis des années sans attendre de retours et le tout pour aider les collègues ambulanciers. On les a écrasés, insultés, menacés et ça c’est insupportable. On préfère « bannir » pour mieux contrôler, pour mieux propager la parole divine. Dictature contrôlée ? Je trouve que bien des codes communs y sont retrouvés avec cette censure… Quand on ne parle pas comme les rois….
Alors arrêtez de râler et agissez…
… mais de façon intelligente (si vous pouvez). Construisez au lieu de crier (je demande beaucoup), réfléchissez au lieu de pleurer. Rejoignez au lieu de fuir. Comprenez ce coup de gueule. Comprenez qu’au travers de ces écrits volontairement, mesquins et cinglants j’essaie de vous faire réagir, de vous interpeller et vous faire prendre conscience qu’il est temps de se poser. D’avancer. De progresser ensemble. Chacun en apportant son savoir, ses connaissances, sa motivation.
Parce que vous êtes ambulanciers, vous êtes investi dans votre métier que vous avez je vous le rappelle choisi ou qu’il vous a choisi. Parce qu’au lieu de huer et crier au scandale sachez que ce métier ne vous retient pas, il existe d’autres voies. Voyez chez Pôle Emploi… Mais si vous restez c’est que vous l’aimez, et quand on aime on se bat. On se lève, on s’accroche et on avance. Parce que les rageux qui restent et continuent en stigmatisant les mêmes sujets ils en découragent ceux qui pourraient avancer. Parce que râler c’est toujours plus facile que d’avancer. Parce qu’agir c’est toujours plus difficile que de suivre sans rien faire.
Mais tu ne comprends rien
Non je ne comprends rien. Onze ans après avoir rédigé mes premières lignes ici je suis toujours aussi déconnecté. Est-ce que je comprends : forcément. Est-ce que je suis avec vous : forcément. Est-ce que je partage votre grogne : au quotidien. Est-ce que je cautionne l’action des patrons : pas du tout du moins pour ceux qui prennent leurs ambulancier pour des… Est-ce que je comprends les revendications ? Mieux que personne. Est-ce que je galère : tout comme vous.
Mais au fond il est où le problème. Il est bien plus loin qu’une prime ou un changement de ministère il est dans l’évolution, l’application plus stricte des condamnations d’entreprises fautives, dans le contrôle plus accru des escrocs, dans l’application plus stricte des tenues, de l’hygiène, du respect de la profession, de la formation, de la sélection, des salariés. De la meilleure compréhension de l’état face aux entreprises privées, de la meilleure réflexion sur le système de transport sanitaire.
Que l’état arrête d’écouter certains grands du transport qui ne voient que par la rentabilité, oublient que le secours à personne est une mission dévolue aux ambulanciers, que l’ambulancier n’est pas un objet comptable, que le patient n’est pas juste une variable chiffrée.
Donc voyez que je mesure (certes en partie) sans problème l’étendue de vos réflexions. Mais si chacun de son côté lutte et râle forcément vous n’ire jamais nulle part. Alors arrêtez vos soi-disant colère qui n’aboutiront à rien si ce n’est trouver un endroit pour vous endoctriner. Tous à la Bastille brûlons tout… Et dès le premier coup de feu, dès le premier qui tombera et bien le reste se carapatera…
Je félicite tous les professionnels qui chaque jour œuvrent pour le bien être d’une population, dans un métier mal aimé, mal expliqué, mal reconnu. Mais qui agissent avant tout pour les autres. Malgré la frustration, le salaire misérable, les conditions de travail déplorables. Pas de matériel, des conditions de travail parfois honteuses.
Mais pour changer ça il faut aussi se mobiliser de façon intelligente et donner la priorité à des sujets vraiment plus urgent qu’une prime de soignant ou un changement de ministère qui ne vous apportera pas forcément plus que maintenant. Comprendrez qu’on écoutera plus une organisation posée et réfléchie qu’un groupe de gueulards désorganisés juste bon à menacer et donner honte à la profession.