Je n’avais pas pondu un billet depuis un moment. Faute à d’autres préoccupations d’ordre personnel et professionnel. Ben voui on est une équipe de rédacteurs bénévoles. Ce qu’on vous publie on le fait sur notre temps perso. Donc je vous laisse imaginer le tableau… Bref tout ça pour dire que notre temps perso on le passe aussi à veiller les réseaux sociaux. Lieu d’échange, de découverte mais aussi de stupéfaction comme cette réaction assez compréhensible de son auteur offusqué de voir un équipage… bien mal équipé.
Enfant, 20 mois pris de convulsions etc. Appel SAMU trala, envoi de moyen ambulancier. Jusque-là un déroulé très classique d’un appel au SAMU Centre 15 et de l’envoi de moyens par le médecin régulateur. Le problème il est dans le matériel issu de chez LI*L embarqué dans cette PUT… d’ambulance. Et non je ne plaisante pas. Non je n’ai rien contre l’enseigne et ses produits mais une chose est CERTAINE : le matériel grand public est du matériel non conforme pour un usage professionnel : non calibré, non adapté, non résistant à cet usage et j’en passe. Alors mon coup de gueule du jour vous l’avez deviné.
Quand les ambulances en bois et les livreurs de colis cesseront leurs activités
J’ai un rêve ! Excuses moi Martin je pique ta phrase. Ce sera moins verbeux mais aussi clair : je rêve d’un monde où la branche ambulancière sera professionnelle jusqu’au bout des ongles. Sur des modèles aussi carrés et respectés que nos voisins frontaliers pour ne pas citer qui que ce soit. En France le transport sanitaire est réglementé à l’aide de nombreux textes : autant pour le matériel, que les moyens humains, les missions dévolues etc. Donc si on suit les textes réglementaires toute ambulance se doit d’être armée de façon à correspondre aux attentes du législateur.
Une liste de matériel obligatoire pour répondre de façon qualitative aux interventions et aux prises en charge des patients. Jusque-là vous allez me demander pourquoi je râle ? Je râle contre les escrocs, les bricoleurs, les ambulanciers « colissimo », les économies de bouts de chandelles, les radins, les patrons avares. Ceux qui pensent que le métier d’ambulancier c’est juste transporter d’un point a à un point b par les plus faibles moyens et dépenses possibles.
Une hantise, une honte pour une profession en mal d’exister
Ces entreprises qui bossent avec du matériel certes fonctionnel (et encore) mais totalement antidaté ou typé « Wish » (vous savez la plate forme chinoise….). On prendra l’exemple des vieux aspirateurs à mucosité (manuel forcément pourquoi un électrique ^_^) dont le flexible a jauni au soleil voire craquelé, les kits qu’on a ouvert et refait pour cacher les dates de péremption, les matelas à dépression à usage adulte mais qui font la taille d’un gamin de 10 ans et qui fuient à tout va. Des exemples j’en ai des tonnes.
Ajoutez les tenues inadaptées car pour rappel une tenue est composée de tissus à vocation et usage professionnel permettant la désinfection et un lavage adapté à très haute température, d’avoir des liquides biologiques qui ne traversent pas ou peu, résistent aux abrasions et j’en passe (oui un pti coup de semonce contre le jean qui est tout sauf adapté) et on aura un kit d’enfer avec bipbipturbo ambulance taxi transport de corps (oui c’est marqué en gros sur l’ambu…. Cherchez un peu encore et vous verrez des prospectus pour des assurance obsèques qui sont dans la portière) avec son sac de secours Auchan bourré de matos chinois à 2 euros le tensiomètre.
Soyez ambulanciers, soyez des professionnels de santé
A tous ces crapauds j’ai envie de dire mais qui fait quoi ? A un moment donné ne me dites pas qu’on est désarmé face à ces attitudes, ces entreprises qui creusent la fosse dans laquelle le métier tombe voire est déjà bien tombé. A grand coup de groupes financiers qui ne jurent que par la rentabilité et les K€ dégagés par leurs investissements finan.. mer… pardon sanitaires. L’ambulance est devenue un facteur de rentabilité unique et non plus un métier de soignant. On court après l’argent, le fric, la fraîche, l’oseille, le blé, le pognon, la thune, le pez. Actionnaires on vous a entendu ! On va vous satisfaire… Oui le matériel coûte bien trop cher ! On va trouver moins cher…. Ironie OFF.
On en oublie que le patient qui vous attend chez lui, peut être en détresse, a besoin de vos équipages. Votre équipage tout aussi professionnel qu’il soit aura du mal à assurer une prise en charge de qualité sans patch de DSA (déjà vu), avec un thermomètre qui décale de 5 degrés la valeur réelle (courant), un tensio de poignet en kit juste bon pour mère grand qui est censé surveiller sa tension artérielle à la maison dans son sofa oklm. Bordel mais à un moment il faut arrêter. Et donner de vrais outils à vos équipages. Un scope, un tensio à usage professionnel, un vrai sac d’intervention à jour ?
Des outils de professionnels pour des professionnels : fiables, étudiés, résistant. Par contre oui ça a un coût… En même temps un mécano ne va pas se fournir chez LID… pour son matériel sauf à moins de vouloir en changer tous les quatre matins. Mais pour ceux qui râlent choisissez un autre job… On ne joue pas avec la vie des êtres humains…
On est professionnels de santé, on le revendique bien assez d’ailleurs (c’est vrai quoi en plus on n’a pas la prime, on veut le ministère de la santé ah zut non je me trompe de billet). Alors soyons acteurs du changement. Il y en a assez de la présence de l’amateurisme dans ce métier. Car c’est de l’amateurisme, du bidouillage, du bricolage qui mettent la vie d’un être humain dans une balance.
ARS, SAMU, pouvoirs publics mais où en sont les vraies réprimandes ?
A l’heure où un contrôle matériel existe juste à la mise en service d’une ambulance, et encore suivant l’endroit ou la région, la sévérité du contrôle s’en tient à la « présence » du matériel. Et en aucun cas à l’éducation du chef d’entreprise en matière de QUALITE de l’équipement et de FIABILITE
Avoir c’est bien mais moi aussi si je vais chez Wish je peux acheter un tensio, un saturomètre pour cocher les cases du tableau des matériels obligatoires dans l’ambulance. Mais je doute que l’ambulancier en charge d’une intervention un peu chaude ne me pète pas la gueule à cause de mes achats malheureux. Mais tant que personne ne pourra/voudra ENFIN agir, réprimander avec réelle vigueur et force ça continuera. Une tapette sur la joue et un allez c’est pas bien hein, tu ne recommenceras pas galopin. Mais nan ton agrément risque rien t’inquiète….
Et ne me parlez pas de contrôles au cours de la vie de l’ambulance ils sont fait par des gens dont le métier de contrôleur consiste sur ce cas de figure à lire une liste et identifier visuellement un matériel, lire une étiquette. Quand à savoir le fonctionnement, le tester c’est une autre blague, pardon problème. Je ne fustige pas leur métier originel mais je rappelle qu’ils sont souvent (soyons réaliste) tout sauf des techniciens de terrain et spécialisés dans le domaine ambulancier. En clair tant qu’on rentre dans les case…
A quand des réelles sanctions pécuniaires, suspensives, fermetures et j’en passe ? A quand des véritables actions pour tirer la qualité de la profession vers le haut. J’entends râler d’ici : « Mais tu te rends pas compte, financièrement on étouffe ».
Deux options : ce n’est pas mon problème la profession a su s’engraisser fortement durant de longues années ne me racontez pas de conneries (j’ai entendu plus d’un chef d’entreprise se vanter sur le sujet). Certes aujourd’hui ce n’est plus la tendance mais il y a eu et il y a encore des crapauds à qui ça rapporte. Forcément à gratter sur les dépenses de matos, de tenue, de véhicule.
La seconde c’est que vous avez choisi entrepreneuriat dans l’humain, la santé. Donc vous étiez informé dès le départ des contraintes. Ne venez pas me faire la leçon. Financièrement ce n’est plus possible ? On envisage la suite et on laisse la main à des candidats plus sérieux et respectueux.
Les financiers qui débarquent sur le parking de leurs boites et de certains salons dédiés au professionnels de santé en berline très haut de gamme sont représentatifs… Avec un quart du véhicule (qui appartient à l’entreprise bien entendu) on finance sans problème un scope qui va durer des années…. Mais non je n’ai pas le sens des priorités… Pourtant si à 50 piges t’as pas un scope zoll t’a raté ta vie… Comprendra qui veut la référence à un publicitaire connu….
Oui la création et la gestion d’entreprise c’est difficile
Je le conçois et même comprends et possède l’expérience, le recul et la compréhension de la création, gestion quotidienne, vision économique d’une entreprise (si si même un smicard populo comme moi peut comprendre (ça vous surprend hein ^_^). Mais à un moment donné on se demande pourquoi des entreprises indépendantes, pas si grosse que ça, ont du matériel, des tenues, des véhicules vraiment au top. Ils sont représentatifs de ce que devrait être la profession. Et ils y arrivent. Pourquoi pas les autres ?
Ne venez pas me dire que je cite les entreprises les plus connues et que je peux mettre en avant régulièrement. J’aurais vite fait de vous lister des noms bien moins célèbres dans la sphère ambulancière qui font partie intégrante de ces principes. A un moment donné soit on fait les choses bien soit on change de job. Charges, impôts, salaires, crédit ne venez pas me dire ce que je ne sais déjà. Le rayonnement d’une entreprise et la qualité de ses services passent d’abord par une qualité d’intervention, de service quotidien dans l’urgence comme dans le classique. L’image on en parlait encore il y a peu. Avec l’image vient le professionnalisme.
Servir, soigner, soutenir : les véritables valeurs de l’ambulancier
Encore une fois on travaille pour servir l’humain et non pas se servir. On travaille pour sauver pas pour aggraver. Une fois de plus on est témoin de l’impérative nécessité d’arriver un jour à scinder le métier. Mais comme les préoccupations de certaines organisations, qui passent plus de temps à s’écharper à coût de communiqués, sont plus d’ordre pécuniaire que d’ordre fonctionnel il est difficile de faire avancer cette scission pourtant devenue indispensable. Une organisation essaie depuis quelques temps de faire avancer le principe, j’ose croire qu’elle puisse y arriver afin de rendre à la profession d’ambulancier ses véritables valeurs : secourir, soigner, protéger et soutenir.
Le transport de colis lui pourra essaimer tranquillement et arrêter de ternir l’image écornée d’un métier de passionnés. Ce billet est en effet très à charge mais comme toujours mon but est de sensibiliser, choquer, énerver. Pour une prise de conscience et sans édulcorer les choses. Comme toujours lisez, relisez ce billet et apprenez à voir entre les lignes. Derrière un acharnement perçu par beaucoup se cache un réel questionnement éthique.