Le syndrome de Diogène
Cette pathologie, peu connue, est en fait plus fréquente qu’on ne le pense et n’est souvent révélée que lors de la découverte d’un cadavre trouvé dans le capharnaüm de son domicile. Du nom de Diogène, fils d’un banquier mais réfutant toute forme de richesse (413 – 327 Av. JC), philosophe Grec, disciple d’Anthistène, le fondateur du courant de pensée cynique, prônant la saleté, le dénuement total…
Diogène vivait dans un tonneau, nu, sans rien d’autre pour l’accompagner que la méditation. Ce personnage a donné son nom à un syndrome dont on parle peu, mais que l’on rencontre assez régulièrement, le Syndrome de Diogène.
Le syndrome de Diogène : en résumé
Les personnes affectées par ce syndrome vivent recluses – en ville ou à la campagne – refusant toute compagnie humaine. Leur niveau intellectuel est supérieur à la moyenne, mais elles choisissent la saleté, le désordre et la puanteur. Ainsi, à l’occasion d’une “ouverture de porte” suite à une alerte passée par un voisin importuné par l’odeur insoutenable provenant du logement de la supposée victime, les personnels de secours rendus sur les lieux découvrent souvent un cadavre mort depuis quelques jours déjà, dans un appartement aux odeurs immondes.
Jonchés de détritus, de crottes – il y a souvent beaucoup de chats chez les malades atteints de ce syndrome – et d’une telle couche de crasse partout, on n’ose de prime abord ni toucher quoique ce soit, ni encore respirer l’air putride infestant le logement et imprégnant nos uniformes.
Les patients meurent comme ils vivent: dans la solitude, la saleté poussée à l’extrême et le dénuement le plus total. Ce syndrome touche essentiellement des personnes dont l’âge se situe au-delà de 73 ans, en moyenne. Le versant “paranoïaque”, selon la DSM IV, n’est pas à négliger dans la compréhension de cette pathologie et l’explication du choix délibéré pour la solitude et le rejet de toute autre présence humaine par les personnes atteintes de ce syndrome, dont le QI est bien supérieur à la moyenne, paradoxalement.
Il peut vous arriver, en tant qu’ambulanciers ou pompiers, de vous rendre au domicile d’une personne atteinte de cet ensemble de troubles. Ne vous étonnez pas d’être vertement reçus par cette personne. Elle cherchera avant tout à vous éloigner de son “territoire” qu’elle chérit par-dessus tout, en le laissant volontairement se dégrader, comme elle le fait pour elle-même.
Le syndrome de Diogène et l’ambulancier : la prise en charge
La négociation d’une assistance est délicate, car votre interlocuteur dont l’intelligence est supérieure, saura trouver des arguments imparables et au besoin, saura vous promener si vous n’êtes pas vigilants ou si vous n’avez pas su reconnaître en elle une personne présentant le Syndrome de Diogène…
Le versant autolytique n’est pas cliniquement prouvé, ce qui rend la tâche d’autant plus ardue aux secouristes sur les lieux. Envisager l’HDT ou l’HO n’est pas le meilleur choix dans les cas les plus “intransigeants”, d’autant plus que la personne souffrant de cette affection a délibérément rompu tous contacts avec ses enfants, petits-enfants ou avec sa fratrie…
Le mieux est de pouvoir négocier le passage d’un médecin, ultérieurement… Si vous franchissez ce cap dans la négociation, votre mission sera “un succès dans un échec global” qui vous échappera de toutes les façons…Vous pourrez en revanche envisager de déclarer cette personne aux services sociaux appropriés. Libre à eux, ensuite, d’entamer une démarche.