Lipothymie ou syncope | Formation de l’ambulancier

par | 30, Nov 2009 | Module 2 : évaluation clinique

Le “Malaise vagal” de Sarko ayant déclenché l’envoi d’un hélico pour une évac’ vers l’hôpital militaire du Val-de-Grâce me permet de faire le point sur ce qui, a tort, est appelé “malaise vagal”. En effet, le mot “malaise” n’existe pas en langage médical. On parle de lipothymie ou de syncope, selon qu’il y ait eu ou non, perte de connaissance.

La lipothymie

Elle se caractérise avant tout par la sensation de perte de connaissance imminente chez des sujets hypersensibles à la contrariété, à l’émotion (douleur subite, prise de sang, confinement de l’atmosphère) ou encore lorsque les barorécepteurs situés dans le sinus carotidien (sorte de capteurs de la PA actuelle) sont comprimés par un col ou une cravate trop serrés.

Le mécanisme de la lipothymie est l’hyperexcitation du nerf pneumogastrique (ou nerf “vague”, Xè nerf crânien, dépendant du système nerveux végétatif parasympathique), provoquant par la libération d’acétylcholine, un ralentissement significatif du rythme cardiaque. Le sujet a l’impression que sa tête est “vide” et ressent un besoin impérieux de s’allonger.

Pâle, en sueur, il peut présenter des troubles passagers de la conscience, accompagnés ou non, de nausées. Autres signes: myosis, hypersialorrhée, anxiété… La plupart du temps, le sujet “revient” spontanément, mais éprouve un gros coup de fatigue a posteriori. Attention toutefois: la lipothymie peut n’être que le prodrome d’une syncope (voir ci-dessous)

En qualité de secouristes professionnels, après avoir sécurisé la victime et effectué votre bilan primaire (A-B-C-D-E), vous attaquerez votre bilan secondaire sans perdre de temps… (cf. Algorithme ALS, quoique les items A et B soient un peu superflus : agissez avec bon sens).

Lors de votre bilan secondaire (FR – FC – SpO2 – GCS ), l’établissement d’un dextro rapide et la quantification de glucose contenue dans le sang (exprimée en g/L ou en Mmol/ L) vous permettra d’éliminer une étiologie métabolique (E.g.: crise d’hypoglycémie chez un diabétique insulino-requérant ou non insulino-requérant – IR ou NIR. Attention, un diabétique peut s’ignorer !).

Si vous disposez d’un système de télétransmission, rien ne vous empêche d’établir un ECG à 10 dérivations – “un 10 brins” – que vous télétransmettrez au moment de votre bilan au CRRA de votre SAMU-Centre 15.

NB: Ne le faites que si ce protocole est validé dans votre département: vous savez combien les médecins-régulateurs sont chatouilleux à ce sujet.

La syncope vagale

Elle est la résultante des mêmes causes que la lipothymie (hyperexcitation du nerf pneumogastrique à l’occasion d’une douleur, d’une émotion, ou de la vue du sang par exemple) et se caractérise par une perte de connaissance brutale se traduisant par un brusque relâchement complet de l’appareil locomoteur, occasionnant la plupart du temps une chute. Dans la majorité des cas, la durée de la PC n’excède pas une minute et le “retour” est spontané, très rapide, précédé d’une recoloration du visage, rapide, elle-aussi.

La prise en charge pré-hospitalière repose sur quelques éléments découlant du bon sens. Mise en PLS si ce n’est déjà fait à votre arrivée – mais en général la victime vous sourira à votre arrivée, désolée d’avoir “dû vous déranger”.

Procédez tout de même à un bilan sur l’algorithme ALS avec la même trame que pour une lipothymie ci-dessus: bilan primaire (A-B-C-D-E. Ici, les items A et B prennent tout leur sens puisqu’il y a eu PC), puis bilan secondaire avec prise des constantes (FR – FC – SpO2 – GCS – Dextro +++).

Lors du bilan secondaire, assurez-vous, cela va sans dire, que la chute n’a pas entraîné de TC ou d’autres lésions ostéo-musculo-tendineuses (contusions, entorses, luxations ou fractures) ainsi que leur siège, puis scoopez en fonction.

Un examen clinique sur le plateau technique hospitalier avec ECG et bilan sanguin avec dosage de la kaliémie (potassium, K+) suffit à établir un diagnostic et l’étiologie de la syncope.

https://www.jlk-rescue.fr/

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Jean LAENGY - Ambulancier DE

Ambulancier SMUR depuis 2001, j'ai commencé dans ce métier en 1995 en tant qu'AFPS. Une fois mes qualifications en poche, j'ai eu la chance de voyager dans le cadre de ma profession. SMUR de Colmar puis ambulancier à Biarritz en passant par le SMUR de Montbéliard avant de revenir en Alsace où j'ai entamé des études d'infirmier. Trouvant à travers mes stages le métier d'IDE peu intéressant car trop protocolaire, je suis retourné sur le terrain de l'UPH et de la PDS en tant qu'ambulancier DE. J'exerce toujours ce métier avec la même passion qu'aux débuts.

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