Parcours coordonné de santé et diagnostic tardif

par | 20, Oct 2013 | Les billets d'humeur de l'ambulancier

Réflexion sur une causalité délétère

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Le Parcours Coordonné de Santé (PCS) institué par Roselyne Bachelot alors en charge du Ministère de la Santé était basé sur un axe de réflexion tronqué dans son fondement : comment réduire les coûts de santé en multipliant les dépenses avec le passage obligatoire par le généraliste, au nom de la confiance présidant à la relation patientmédecin, mais qui ensuite adresse quand même son patient vers le spécialiste ad hoc ?

Il fallait qu’il y ait de bonnes raisons à ce cheminement. Malheureusement, aujourd’hui nous n’entendons plus que ce type de phrases auprès de patients atteints de néos incurables et dont l’espérance de vie se chiffre tout juste à quelques mois encore : « Si j’étais allé(e) voir un neurologue directement, ma tumeur cérébrale aurait été diagnostiquée plus tôt et je ne serais pas condamné(e) aujourd’hui… Au lieu de ça, mon médecin traitant m’a fait perdre un temps précieux…»

Exemple concret : un quadra souffrant de vertiges rotatoires ne peut consulter directement un ORL ou un neurologue. Il doit passer chez son médecin traitant avant. Celui-ci traite la symptomatologie de son patient par des molécules destinées à amender les vertiges.

De traitements empiriques en échecs, avec à chaque fois le prix d’une consultation, aucune amélioration n’est ressentie par le patient. De guerre lasse, le médecin généraliste adresse alors avec regrets son client (on ne parle plus de patients en médecine de nos jours) à un ORL ou éventuellement à un neurologue qui lui, s’attachera à déterminer l’étiologie du mal dont souffre le malade.

Vertiges rotatoires certes, mais périphériques (atteintes vestibulaires) ou centraux (atteintes encéphalique de type tumeur cérébrale, lymphome) ? Seul le spécialiste est capable de poser un diagnostic correct fondé sur l’imagerie médicale et une clinique particulière. Si l’imagerie met en évidence une étiologie périphérique, tant mieux pour le malade. Mais si d’aventure il s’agissait d’une atteinte centrale ? Si l’imagerie mettait en évidence une néoplasie ? Combien de semaines se sont écoulées, reculant d’autant le diagnostic et la mise en place d’un protocole de soins ?

Parcours coordonné de santé

Les campagnes de dépistages de divers cancers comme le néo du sein, de l’utérus ou encore le cancer colorectal mises en place par la CNAM seraient donc des hypocrisies si l’on tient compte de la façon dont s’exerce la médecine en France de nos jours ?

Que penser de la redondance des visites chez un généraliste puis ensuite chez un spécialiste en regard d’un argument basé sur la réduction des coûts, sinon à s’exclamer que le bon-sens paysan n’existe plus dans ce pays ? On ne peut faire d’économies de santé en multipliant les visites chez le médecin. Or la législation actuelle nous y oblige.

Argument dont on pourrait débattre sans fin tant il est inepte de dire que le Parcours coordonné de santé est cohérent : il ne l’est pas. Et il ne peut l’être d’aucune manière.

Etrangement, on n’aura jamais entendu les médecins manifester contre cette réforme de santé : l’argent restant le nerf de la guerre.

Hélas, la prévalence des néoplasies augmente tandis que le Parcours coordonné de santé se porte bien. Faut-il encore une fois dénoncer une collusion entre une ex-Ministre de la Santé provenant du monde des visiteurs médicaux alors que les diagnostics sont différés, à une époque où la CNAM met tout son poids pour convaincre la population de l’importance du diagnostic précoce ?

Pourquoi ce paradoxe que d’aucuns pourraient qualifier de « criminel » s’il se donnait la peine de réfléchir à l’avenir de la Santé en France ? Réformer la Santé en instaurant le PCS afin de réduire le trou de la sécu est un non-sens absolu. Et non-seulement c’est un non-sens, mais il diffère de manière effective les diagnostics de pathologies graves.

Le lobbying des médecins est une réalité, et celui qui en paye le prix fort est celui ou celle qui voit sa tumeur annoncée alors qu’il est trop tard pour mettre en place un protocole curatif efficient.

Si la Santé pouvait être autre chose qu’une hypocrisie basée sur l’argent, combien de vies pourraient être sauvées ? N’est-il pas temps d’en finir avec ce Parcours coordonné de santé ? Au moins au nom du bon-sens et du rejet de l’hypocrisie ?

a9816ccc0092a34ed772711c9f46c1d9 Ambulancier : le site de référence Parcours coordonné de santé et diagnostic tardif

Jean LAENGY - Ambulancier DE

Ambulancier SMUR depuis 2001, j'ai commencé dans ce métier en 1995 en tant qu'AFPS. Une fois mes qualifications en poche, j'ai eu la chance de voyager dans le cadre de ma profession. SMUR de Colmar puis ambulancier à Biarritz en passant par le SMUR de Montbéliard avant de revenir en Alsace où j'ai entamé des études d'infirmier. Trouvant à travers mes stages le métier d'IDE peu intéressant car trop protocolaire, je suis retourné sur le terrain de l'UPH et de la PDS en tant qu'ambulancier DE. J'exerce toujours ce métier avec la même passion qu'aux débuts.

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