Infarctus du myocarde et angor : vulgarisation
Le contenu qui va suivre se veut une vulgarisation de l’angor et de l’infarctus, deux pathologies fréquemment rencontrées dans l’exercice de votre profession, afin de vous donner quelques éléments pour mieux les comprendre et les différencier. Aussi, cette vulgarisation implique que j’ai pris quelques raccourcis, afin de rendre le tout le plus clair possible. Enfin, pour les deux pathologies, une partie concerne la prise en charge hospitalière afin que vous sachiez ce qu’il advient de vos patients après les avoir déposés aux urgences.
Dans une première partie, nous allons traiter des facteurs de risque cardiovasculaires, avant de nous intéresser ensuite à l’angor puis à l’infarctus du myocarde.
Facteurs de risque cardiovasculaires :
Il existe plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire : Le fait que la victime en présente un ou plusieurs est un élément d’aide au diagnostic mais le contraire ne saurait en aucun cas être un critère d’exclusion.
On repère 7 grands facteurs de risque :
- Le sexe : les hommes ont plus de risque que les femmes de développer une pathologie cardiaque
- l’âge : le risque augmente en effet avec l’age
- les antécédents familiaux ( des maladies cardiovasculaires sont elles ou ont elles été répertoriées chez les ascendants?)
- Le tabagisme
- La dyslipidémie
- le diabète
- le surpoids
Crise d’angor (= angine de poitrine)
La crise d’angor est un syndrome douloureux thoracique résultant d’une souffrance cellulaire en rapport avec une hypoxie myocardique, elle même liée à un déséquilibre entre les apports et les besoins en oxygène.
Cette hypoxie est liée à l’obstruction de l’artère coronaire, qui irrigue le myocarde. On trouve trois principales causes à cette obstruction :
- Athérosclérose (= le cholestérol s’accumule sur les parois de l’artère pour former progressivement une plaque d’athérome qui obstrue progressivement le vaisseau) : Selon une étude épidémiologique de la fédération française de cardiologie, 95% des crises d’angor et 85 %des infarctus du myocarde sont liés a cette pathologie
- Spasme coronaire : les causes de ce spasme peuvent être d’origine diverses,toutefois, cela ne représente que 2 à 3 % des cas étudiés
- Traumatisme
On distingue trois types d’angor que nous allons expliciter dans le tableau suivant, l’angor stable, l’angor spontané et l’angor instable.
Circonstances d’apparition | Type de douleur | Irradiation | Localisation de la douleur | Durée de la douleur | Effet de la trinitrine | |
Angor d’effort = angor stable | Lors d’un effort, cède en quelques minutes après l’arrêt de l’effort | Constrictive | Typiquement Mâchoire inférieure et bras gauche | Rétro-sternale | 1 à 3 minutes | + |
Angor spontané | Au repos | Constrictive | Typiquement Mâchoire inférieure et bras gauche | Rétro-sternale | 10 à 16 minutes | + |
Syndrome de menace = angor instable = SCA ST – | Au repos ou lors d’un effort même minime | Constrictive, de plus en plus intense | Typiquement Mâchoire inférieure et bras gauche | Rétro-sternale | Crises de moins en moins espacées dans le temps | De moins en moins efficaces |
NB : La douleur décrite ici est la douleur typique, cependant, il peut aussi exister des formes de douleurs atypiques.
La trinitrine est un médicament vasodilatateur, il permet de ce fait un afflux de sang dans le myocarde ce qui induit une abolition de la douleur : lorsque la douleur disparaît, le test est considéré comme positif.
Traitement de la crise d’angor : Bilan hospitalier complet et avis cardiologique
Infarctus du myocarde ( IDM) = Syndrome Coronarien Aigu avec sus-décalage du segment ST (SCA ST+)
L’infarctus du myocarde consiste en une nécrose du myocarde ( = mort des cellules ) liée à une hypoxie prolongée en rapport avec une occlusion complète d’une coronaire.
L’IDM est à 85% lié à l’athérosclérose, à 10% lié à un traumatisme, et peut aussi dans une moindre mesure résulter d’un choc psychologique important, ou de syphilis (très rare). Les signes précurseurs sont un angor instable, et la survenue soudaine d’une importante douleur.
Dans le tableau suivant nous allons détailler les éléments diagnostiques de l’IDM de forme typique
Douleur | La douleur est de survenue brutale, de façon spontanée et au repos ou à l’effort. Elle est rétrosternale et la forme typique irradie dans le bras gauche, la mâchoire inférieure ou le dos. De type constrictive, elle est plus intense que l’angor, la douleur dure souvent 2 à 3h et n’est PAS trinitro-sensible. La douleur peut s’accompagner de nausées et vomissements |
Retentissement tensionnel | Si l’IDM est à un stade avancé, le patient peut présenter un collapsus : TA<7 État de choc → : pâleur cutanée + marbrure + froideur + tachycardie réflexe +/-120 bpm |
Examens complémentaires | Examen clinique médical : • Auscultation cardiopulmonaire à la recherche d’un souffle cardiaque et d’un œdème pulmonaire • Examen des membres périphérique à la recherche de signes de phlébite |
ECG : La réalisation d’un ECG par un IDE ou un médecin et son interprétation médicale doivent rechercher l’augmentation du segment ST dans le complexe QRST (le complexe est visible sur le tracé de l’ECG et correspond à un cycle cardiaque ( onde p complexe QRS et onde T) ) | |
Biologie : • Troponinémie : La troponine est une enzyme libérée par les cellules cardiaques lorsqu’elles nécrosent. Le dosage de la troponinémie permettra donc d’évaluer cette nécrose, et le stade de progression de l’IDM • CPK : libéré par toutes les cellules qui nécrosent, aspécifique. Ils augmentent en parallèle de la troponinémie | |
Autre examens complémentaires : Écho cardiaque, holter ECG, épreuve d’effort. |
Traitement de l’IDM non compliqué : Hospitalisation en urgence avec SMUR , surveillance scopé, administration par voie IV d’antalgiques, de thrombolytiques, d’anticoagulants, coronarographie et avis cardiologique en urgence
Le rôle de l’Ambulancier DE dans la prise en charge de l’angor ou de l’infarctus du myocarde
- En priorité devant tout patient se plaignant de douleurs à type constrictive, le faire allonger ou le mettre en position demi assise,en fonction de son ressenti et le laisser au repos absolu. Aucun effort ne doit lui être demandé, y compris lors des translations lit-brancard.
- Le rassurer est également très important (effet tachycardisant délétère du stress). Ne pas banaliser l’événement : même si c’est quelque chose de courant pour vous, il s’agit d’un événement très anxiogène pour le patient.
- Le bilan réalisé doit être exhaustif, les constantes mesurées régulièrement ,ne pas négliger le relevé des renseignement sur les caractéristiques de la douleur, le contexte de survenue, les facteurs de risque cardiovasculaires, et les traitements en cours.
- Si le SMUR n’a pas été engagé par la régulation en départ réflexe, demander son assistance.
- Continuer à communiquer avec le patient et son entourage et lui expliquer le déroulement des opérations, sans s’avancer sur des hypothèses diagnostiques, qui seraient prématurées et anxiogènes.
- Lors de l’arrivée du SMUR transmettre le bilan au médecin, et préparer l’ambulance selon ses consignes pour un transport médicalisé.
Note importante à propos de l’article : avant toute chose il est bien entendu que certains éléments sont là à titre informatif et n’entre pas dans le cadre du référentiel de compétences des ambulanciers. Cela n’empêche pas pour autant de pouvoir apprendre et comprendre sans pour autant nuire à la pratique quotidienne de notre enseignement de base.
Florian, Infirmier DE