L’auxiliaire ambulancier est victime de clichés vieillots, non adapté. La qualification d’auxiliaire est souvent fustigée et mal comprise. A cours de cet article nous allons faire le point sur cet aspect professionnel du métier d’ambulancier
Formation et qualification
Si on dresse un état de la formation et obligations d’exercice de l’auxiliaire ambulancier conformément aux textes en vigueur on va énoncer la formation de façon suivante :
- d’un permis de conduire conforme à la réglementation en vigueur et en état de validité ;
- de l’attestation préfectorale d’aptitude à la conduite d’ambulance après examen médical effectué dans les conditions définies à l’article R. 221-10 du code de la route ;
- d’un certificat médical de non-contre-indications à la profession d’ambulancier délivré par un médecin agréé (absence de problèmes locomoteurs, psychiques, d’un handicap incompatible avec la profession : handicap visuel, auditif, amputation d’un membre…) ;
- d’un certificat médical de vaccinations conforme à la réglementation en vigueur fixant les conditions d’immunisation des professionnels de santé en France ;
- d’une attestation de formation de 70 heures avec évaluation des compétences acquises. Cette formation porte sur l’hygiène, la déontologie, les gestes de manutention et les règles du transport sanitaire et inclut la formation permettant l’obtention de l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 2. Cette formation est délivrée par les instituts de formation autorisés pour la formation au diplôme d’ambulancier.
Comme on le constate l’auxiliaire ambulancier suit une formation de 70h comprenant des éléments adaptés pour venir renforcer l’équipe en compagnie de l’ambulancier diplômé. Il est donc en mesure de mettre en œuvre des gestes de réanimation, d’évaluation clinique de par l’utilisation des outils de mesure, de l’ergonomie adaptée au patient et à la manutention à deux professionnels. Nous avons donc un professionnel formé et capable d’intégrer une équipe. L’auxiliaire est formé en vue d’être un soutien pour l’ambulancier formé à un champ de prérogatives plus large. Mais je le dis haut et fort ce rôle de soutien peut vite devenir bien plus que ça.
Les inepties de la fonction AUXILIAIRE ambulancier
Mais comme partout il existe des incohérences. Là je le dis haut et fort il y a des choses qui ne devraient pas exister mais le législateur en a décidé autrement.
« Cette formation de 70 heures n’est pas obligatoire pour les professionnels exerçant dans une entreprise de transport sanitaire terrestre avant le 1er janvier 2011 et pour les professionnels exerçant moins de trois mois. »
Légifrance
Le bât blesse puisque même en exerçant moins de trois mois un auxiliaire sans formation donc sans aucune notion de base est pour moi une hérésie totale. Sur une intervention complexe il peut se révéler vite un poids mort pour l’ambulancier diplômé. Mais je ne vais pas tergiverser sur cette manière illogique de procéder. Le législateur en a décidé autrement et ne nous fermons pas au fait que cette mention soit désintéressée de la part de certains responsables syndicaux patronaux… Chacun jugera selon ses opinions.
Secondo je trouve dommage de ne pas impliquer les auxiliaires ambulanciers en exercice avant 2011 dans un cursus de remise à niveau des pratiques et connaissances. En effet les méthodes de réanimation, les outils, les pratiques courantes ont évoluées. La seule manière pour ces « anciens » est donc de se reposer sur la transmission du savoir au travers des ambulanciers récemment diplômés. Mais comme pour toute chose nous ne sommes pas égaux dans la capacité à transmettre un savoir.
Etre formateur c’est un métier à part entière et chacune peut se sentir capable de former à son tour des collègues de travail. Il serait donc temps de revoir ces derniers points pour corriger ça.
Mais est-ce que pour autant les auxiliaires concernés sont-il en incapacité d’effectuer leur travail de manière qualitative. Bien sûr que non. Comme toujours on trouve des professionnels très impliqués, recyclés en entreprise au travers de formation interne, des auxiliaires curieux qui se documentent, se forment, prennent conseil et ne se reposent pas sur des acquis parfois un peu trop ancien.
Et oui certains auxiliaires « à l’ancienne » peuvent tout aussi bien en apprendre à de jeunes ambulanciers sortis d’école. La formation ne fait pas pour autant de vous un professionnel aguerri. C’est là que se met en place l’échange : l’ « ancien » apprend au « jeune » le terrain, les astuces, les trucs à savoir, et inversement il apprend de son jeune diplômé de nouvelles connaissances actualisées. C’est ce que je qualifierais de travail d’équipe.
Auxiliaire simple chauffeur ?
L’auxiliaire doit il se contenter de conduire ? Je vous renvoie à un article rédigé il y a quelques temps par mes soins sur la place de l’auxiliaire au sein de la cellule sanitaire. Vaste débat que j’ai tenté d’éclaircir ou du moins apporter un regard général sur la chose. Je ne me suis pas basé sur des « textes » souvent émis comme LA réponse à tous les maux. Sauf que les textes ne précisent pas toujours certains points. Il est donc du ressort de l’interprétation mais en restant dans un aspect de sécurité et de conformité.
Auxiliaire : peut-il passer un bilan
Même topo que sur la conduite et la place éventuelle de l’auxiliaire auprès du patient. Un article dédié sera mis en ligne pour apporter le « terrain » et faire face aux idées reçues ou fausses croyances. Trop souvent on se base sur des soi-disant textes interprétés. Mais dans la finalité on se rend compte de l’opacité de certains éléments.
Et dans la « vraie vie » il existe parfois des situations qui demanderont de la réactivité à l’équipe et non pas un rôle toujours clairement défini sur qui va faire quoi. L’ambulancier qui vient d’entrer dans une pièce et tombe sur un ACR il masse direct, l’auxiliaire qui arrive quelques secondes plus tard avec le matériel peut très bien passer un bilan flash… Et des exemples il y en a des tonnes.
Auxiliaire : un faux ambulancier ?
On peut poser le problème de de deux façons. Le premier qui qualifie l’auxiliaire d’inutile est une vaste fumisterie. Je peux assurer avoir connu des auxiliaires aussi compétent voire même meilleur que des ambulanciers diplômés. J’ai aussi connu l’inverse, la faute souvent à un problème évoqué plus haut : le manque d’actualisation des compétences., le manque de motivation ou d’implication etc.
La mise en protection de l’intéressé par « je ne suis qu’auxiliaire », là encore ce n’est pas les connaissances mises en cause mais bien une mauvaise volonté de la part de certains pour ne pas mouiller la chemise et se satisfaire de tâches basiques. Vous avez le droit d’être en désaccord car je caricature volontairement les choses. Mais avouez certains adorent vous sortir : « ah mais c’est ton boulot je ne suis qu’auxiliaire ».
Abordé de façon différente l’auxiliaire ambulancier a, et permet, à de nombreuses personnes d’accéder à un emploi (formation rapide, débouchés même si cela tend à évoluer dans le mauvais sens), de découvrir la profession en s’immergeant profondément. Le problème financier du coût de la formation d’ambulancier diplômé peut aussi s’avérer être un frein entraînant donc le passage par la case auxiliaire en attendant de pouvoir créditer son compte formation, voire attendre de l’entreprise une aide à la formation. Nombre d’auxiliaires sautent donc sur les possibilités de suivre la formation d’ambulancier diplômé qui leurs sont offertes en cours de carrière. Et croyez-moi ce n’est pas pour le gain salarial que ça apporte.
En tout état de cause l’auxiliaire répond à des critères d’emploi énoncés par le législateurs et sont donc totalement en droit d’exercer le métier. La difficulté actuelle est surtout que les employeurs ont tendance à favoriser les ambulanciers diplômés pour accorder au mieux et de façon confortable les équipages. En effet impossible de mettre en équipe deux auxiliaires ensemble à la différence des ambulanciers diplômés. Je sais un certain chef d’entreprise et dirigeant de fédération patronale a émis l’intérêt de pallier au manque d’ambulanciers diplômés par des équipages dit PSC1. Je passerais sur ce que je pense de cette idée générée plus par avidité et gains par le bien être et sécurité du patient.
Fustiger l’auxiliaire ambulancier c’est souvent par manque de connaissance
Ceux qui fustigent les auxiliaires ambulanciers sont souvent des personnes qui manquent de recul. Mais on trouvera aussi des professionnels refroidis par des expériences qui ont laissées des traces : des auxiliaires refusant de s’impliquer, volonté de retrait dans l’équipe au profit de l’ambulancier diplômé jugé « responsable ». On trouvera aussi certains ambulanciers à l’égo démesuré qui jugent les auxiliaires comme du petit personnel.
Mon avis c‘est le suivant : avant de juger faites équipe, apprenez à travailler ensemble. Evaluez, jaugez vos équipiers. La première impression est parfois ou souvent mauvaise et vous pourriez avoir bien des surprises. Et vous auxiliaires ambulanciers : apprenez à vous imposer, à démontrer que vous êtes tout aussi compétent. La connaissance n‘est pas forcément la maitrise. Celui qui se gausse d’être ambulancier diplômé sur le seul fait qu’il a acquis une formation théorique et savoir-faire scolaire pratique n’a rien compris. L’école c’est 30% du travail. Le terrain qui attend chaque élève auxiliaire comme diplômé c’est 70% de la formation : imprévus, surprises, adaptabilité, situation d’urgence, prise en charge complètement incroyable. Le terrain vous formera tous et toutes sans inégalités.
Attention je ne dis pas que la formation est vide de sens bien au contraire mais la mise en œuvre de la théorie et des ateliers pratiques en réel apprennent vite la réalité.
Vous êtes avant tout une EQUIPE qui doit faire face ENSEMBLE. On oublie la soi-disant hiérarchie qui au final n’en est pas une. Seule la qualification de responsabilité des décisions et des gestes effectués peut être opposée.
L’auxiliaire ambulancier moteur de l’équipe, un binôme avant une qualification
Comme toujours on en revient au binôme. Au-delà du savoir vient la capacité à travailler ensemble, partager les tâches sur interventions, maitriser son rôle. La responsabilité demeure celle de l’ambulancier diplômé mais confier un tache à son auxiliaire n’empêchera jamais un rapide contrôle voire une confiance aveugle dans son binôme car… à force on se connait par cœur. Le plus important est d’assimiler le fait qu’une équipe travaille de concert et en bonne intelligence.