Anecdote : une ambulancière et son premier accouchement inopiné
Petite anecdote d’un accouchement inopiné vécue par une de mes collègues ambulancière qui était en garde préfectorale pas plus tard qu’hier… Une situation qui arrive parfois sans prévenir. Certes ce n’est pas le quotidien mais ça fait partie du job aussi. L’ambulancier est formé à ce type d’évènement et une fois de plus la preuve en est que ça sert à quelque chose 😉
C’est le SAMU, on a besoin de vous
2h08 : « Le SAMU, on a besoin de vous à xxx, pour une femme de 29 ans, qui a des contractions depuis 19h hier soir, 3ème grossesse… Départ de l’équipe au fin fond de la campagne charentaise. Arrivée sur les lieux la patiente présente toujours des contractions toutes les trois minutes avec une durée de 45 secondes. La poche des eaux n’est pas rompue tout est ok. On passe notre bilan au centre 15 avec l’ensemble des constantes de la patiente. Tout semble correct sauf la tension artérielle qui est montée à 15…
La poche des eaux lâche…
On prépare notre brancard pour évacuer la parturiente vers les urgences obstétricales de l’hôpital d’Angoulême. La patiente file aux toilettes avant le départ. Drame : la poche des eaux vient de se rompre à 3h00. Vite on rappelle la régulation du SAMU pour informer de l’évolution de la situation. On se met en route. Le papa nous demande l’autorisation de monter avec nous. Sur ce type de cas de figure il est impensable de lui refuser ça. On embarque donc la future maman et le futur papa c’est parti…
Quand une maman ressent le besoin de pousser
On débute notre voyage au travers des routes de campagnes pour 25 minutes de trajet qui promettent d’être très long… Trajet qui va s’arrêter de façon rapide et prolongée car à 3h10 la maman ressent une envie de pousser. 3h12 arrêt de l’ambulance. Je sors le kit d’accouchement et je commence à préparer le matériel : aspirateur, sondes, bonnet, champ,compresses etc (vive les kits !).
Chauffage à fond, installation de la patiente sur le brancard plus de temps à perdre. Mon binome se charge de rappeler le centre 15 afin de les prévenir de l’imminence de l’accouchement. Il bataille avec l’ARM qui cherche absolument à avoir le lieu exact pour faciliter l’arrivée de l’équipe au plus rapide.
La seule et unique route qui mène à ce fichu village
Le collègue commence à lui expliquer que là où est posée l’ambulance c’est la seule et unique route qui mène au village. Pendant qu’il essaie d’expliquer à la régulation la situation exacte de l’ambulance sur la route en question je m’équipe de la tête au pied : blouse, gants stériles. La maman est d’un calme olympien et gère sa douleur du mieux qu’elle peut.
Une poussée je vois la tête
Première poussée et j’aperçois la tête du loulou qui arrive. Seconde poussée : bébé est sorti. Il est exactement 3h20. Rapide, concis et précis. Le stress m’envahit durant les cinq longues secondes qui suivent sa sortie puis le cri arrive. La nature reprend ses droits et le bruit d’une vie qui arrive au monde résonne dans la cellule de l’ambulance.
On s’occupe de nettoyer le petit bout, aspiration, pose des clamps, installation du nouveau-né dans son drap stérile avec son petit bonnet jersey et dépose peau à peau contre sa maman. Il bouge, il pleure tout va bien. Petite larme de maman à la vue de son petit bouchon. On récupère le placenta et on le glisse dans un sac pour examen par l’équipe de la maternité.
Vous êtes sûre ça ne va pas lui faire mal ?
Papa demande s’il peut couper le cordon. Ne sachant pas du tout où est l’équipe SMUR et étant donné la distance importante qui nous sépare de l’hôpital il ne faut pas non plus laisser trainer de trop donc « oui allez y ! »
- « ça ne va pas lui faire mal ? »
- « Mais non mais non allez y 😀 »
Je souffle un grand coup. J’ai réussi à gérer toute seule l’intervention dû au fait que mon collègue était bloqué au téléphone. 8 minutes qui ont suffi à ce joli petit Thyméo pour venir au monde en pleine forme, très tonique.
L’équipe SMUR arrive
3h40 l’équipe SMUR arrive sur place : tout est déjà fait. Petite check list avec le médecin pour faire l’état de chaque chose : RAS tout est ok. Le médecin ausculte le nouveau-né sous toutes ses coutures pour vérifier son état de santé. Pose d’une perf à la maman par l’infirmière et on repart cette fois ci pour de bon direction la maternité sans aucuns soucis.
Félicitations de l’équipe SMUR et remerciements de la part des parents. Félicitations du patron (\o/) à notre retour et de la part de tous les collègues présent.
7 ans d’attente pour un accouchement inopiné
7 années de métier et c’est mon premier accouchement inopiné. J’en rêvais mais j’appréhendais beaucoup malgré tout. C’est dans ces moments qu’on se rend compte qu’on arrive à maitriser son stress et conserver son sang-froid pour se contenter d’agir. On est formé pour ça et on doit réagir en tant que professionnel. Et surtout heureuse d’avoir vécu ce moment magique et que tout se soit passé magnifiquement bien.
Note du webmaster
Je félicite à nouveau ma collègue Stéphanie pour cette prise en charge d’accouchement inopiné, oui c’est elle qui m’accompagnait lors de l’anecdote La patiente qui ne voulait pas… pour avoir géré d’une main de maitre son intervention (pour ne pas changer) et avoir eu l’occasion de réaliser un de ces rêves que tout ambulancier possède; mais aussi de démontrer qu’un ambulancier est capable et professionnel malgré tout ce qu’on peut entendre.
On aime notre job, on en bave, je dirait vulgairement et sans me cacher « on en chie » mais il y a aussi plein de belles choses à vivre dans ce job et c’est ce qui nous garde motivé et ancré dans ce fichu job. Qu’importe les clichés et autres on reste avant tout des professionnels passionnés. Un grand merci aussi aux équipes du SAMU 16 d’ Angoulême 😉