Ambulanciers, ce qu’attendent les victimes

par | 8, Déc 2009 | Les billets d'humeur de l'ambulancier

Qu’est ce que les victimes attendent des ambulanciers ? Une question qu’on oublie souvent de se poser tellement nous sommes concentrés sur la prise en charge, concentré sur le bilan. Au point que sans le vouloir nous passons parfois à côté de certains aspect important : l’attente de la victime.

La victime attend quelque chose de la part des ambulanciers

Sur intervention – a fortiori requise par le SAMU – il ne s’agit pas de se précipiter comme un sourd et de jouer au cowboy, Stetson™ ou Resistol™ vissé sur la tête et plein de certitudes. Ce que les requérants attendent des secouristes, c’est diligence, calme et efficacité. On évoquait hier les déboires de Porte-couille #1. Les traits de l’article d’hier, bien qu’exposés à la manière d’une historiette pour enfants, ne sont en aucun cas exagérés. N’est pas ambulancier qui veut. Ou alors un très mauvais ambulancier que le dispositif départemental AMU (Aide Médicale Urgente) mettra tôt ou tard au rencard.

Les Porte-couilles sont légions à peu près partout en France métropolitaine ou outre-mer. Cela dit, ils ne font en général pas de vieux os. Un jour sur une intervention particulièrement chaude, ils commettent LE “Faux-pas” qui leur coûtera un licenciement – et comme les patrons des compagnies d’ambulances se connaissent tous et parlent entre eux, la porte se fermera à chaque demande d’embauche… Ça marche comme ça dans ce job : sélection naturelle.

Certains prétendants Ambulanciers Diplômé d’Etat réussissent toutefois à franchir les barrières des tests de pré-sélection indispensables pour entrer en IFA (Institut de Formation d’Ambulanciers) — et certains parviennent même, malgré un programme en général bien plus complexe qu’ils ne le pensaient a priori, à décrocher leur Diplôme d’Etat. Cela dit, un diplôme, fut-il d’état, ne garantit pas l’excellence de son titulaire. JAMAIS. Même si on sort major de promo !

La rudesse de certaines interventions ou encore la charge émotionnelle afférente, sont autant de facteurs parmi bien d’autres qui en général se chargent “d’épurer” l’effectif départemental engagé sur interventions SAMU. On entre toujours en IFA pour des raisons qui nous sont propres. Qu’il s’agisse de vocation, de sacerdoce pour certains, dont le dévouement à autrui est tel qu’il rappelle forcément celui de Mère Thérésa – ou qu’il s’agisse de soif de reconnaissance, de vouloir jouer à Bruce Willis, ce sont les motivations de cet instant-là qui seront déterminantes pour l’«apprenant».

Une fois lâchés sur le terrain avec un binôme expérimenté ou un Auxiliaire maladroit qui n’a sa place que dans un VSL – et encore, pas tous ! – c’est là que l’ADE (Ambulancier Diplômé d’Etat) fraîchement émoulu pourra sortir ses tripes et montrer ce qu’il a réellement dans le falzar. Qu’il “en ait” ou pas, son comportement face à une victime et à sa famille – il y a toujours une famille qui “observe”, anxieuse – sera le gage de la légitimité de sa place dans le dispositif AMU.

Stresser c’est bien, mais stresser sain

Un ambulancier DE qui commence à transpirer dès que le l’alerte est donnée en lisant le motif de l’intervention est possiblement un “bon” ambulancier – son stress est potentiellement sain. Un ambulancier qui part “la fleur au fusil” est potentiellement un danger public ! Un ambulancier qui part “tendu” mais les idées claires, sans forfanterie ni trouille au ventre SERA un bon ambulancier – du moins en termes de comportement.

Parce que le comportement n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Derrière le comportement in situ, il y a le maintien des acquis, l’expérience, et surtout la curiosité. Les sources d’informations sont nombreuses pour qui veut se tenir au courant. Mais encore faut-il aller “chercher l’information” au lieu de se contenter de faire ses 210 heures mensuelles. Là encore, il existe de nombreuses disparités d’un ambulancier à un autre.

La recherche d’information théorique, la réflexion sur les divers champs d’applications avec laquelle cette information est en adéquation…, tout cela ne se fait pas tout seul. Ça prend de l’effort et de la curiosité – on y revient – que tous ne sont pas forcément prêts à investir pour devenir meilleur chaque jour. C’est là qu’on différencie les ambulanciers dévoués à leur métier – ce qui, à ce stade relève plus de la passion – des autres, les “ambulanciers-fonctionnaires” au demeurant fort nombreux, hélas…

C’est pareil chez les Pompiers, volontaires ou professionnels: il y en a pour qui tout ceci n’est qu’une sorte de phantasme de gamin enfin aboutit, tandis que pour d’autres, le leitmotiv “Courage et dévouement” revêt un sens profond, presque une “art de vivre”…

Je mépriserai toujours cette catégorie d’ambulanciers se contentant de leurs formations, de faire leurs heures et se fichant royalement de leur présentation physique (bagouzes aux doigts, ongle crades, cheveux longs en catogan…). Mais mon respect ira toujours vers mon semblable sans cesse à la recherche de l’information sur tel ou tel nouveau protocole, celui qui sait qu’au-delà de 80 ans on ne thrombolyse plus un AVC, celui qui cherche l’info, toujours et encore,… celui qui se pointe sur une intervention calme en apparence, mais dopé d’un “bon stress” à l’intérieur…

Parce que ce qu’attendent les victimes c’est bien ça: un homme ou une femme inspirant confiance, ne ramenant pas sa pseudo-science, sachant hiérarchiser ses priorités et prendre rapidement la bonne décision au bon moment. Un homme ou une femme sur qui la victime peut se “reposer” et voir ses craintes apaisées.

a9816ccc0092a34ed772711c9f46c1d9 Ambulancier : le site de référence Ambulanciers, ce qu'attendent les victimes

Jean LAENGY - Ambulancier DE

Ambulancier SMUR depuis 2001, j'ai commencé dans ce métier en 1995 en tant qu'AFPS. Une fois mes qualifications en poche, j'ai eu la chance de voyager dans le cadre de ma profession. SMUR de Colmar puis ambulancier à Biarritz en passant par le SMUR de Montbéliard avant de revenir en Alsace où j'ai entamé des études d'infirmier. Trouvant à travers mes stages le métier d'IDE peu intéressant car trop protocolaire, je suis retourné sur le terrain de l'UPH et de la PDS en tant qu'ambulancier DE. J'exerce toujours ce métier avec la même passion qu'aux débuts.

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