Témoignage d’un ambulancier Québécois
J’ai tenu à vous faire partager un témoignage issu d’un ambulancier québécois, Paramedic canadien, et oui nos cousins du Québec. J’ai trouvé ce témoignage tellement réaliste, touchant que je le publie ici avec sa bénédiction. Car eux comme nous partageons, malgré les différences culturelles et d’organisation, de formation etc, quelque chose qui reste commun à cette « profession » d’ambulancier. Avant tout un métier difficile mais passionnant. Ce témoignage humble nous rappelle à tous pourquoi nous exerçons au quotidien et pourquoi nous avons choisi cette voie. Un très grand merci à André B. pour avoir accepté de faire véhiculer ce témoignage poignant et dans lequel chaque ambulancier dans le monde comprendra car c’est très souvent du vécu.
Tsé… Quand
- Tsé… Quand tu transportes une dame en phase terminale, qui n’a pas encore 60 ans…
- Tsé… Quand c’est sa première expérience en ambulance, et peut-être sa dernière…
- Tsé… Quand tu vois la photo de sa carte d’assurance-maladie, sur laquelle on a l’air d’habitude d’un repris de prison malade mais qui, dans son cas, très jolie, ta patiente a l’air d’une top-modèle comparé à son état actuel. Tsé, le genre de compliment que tu peux absolument pas dire dans les circonstances…
- Tsé… Quand tu fais rire ta patiente, à tel point qu’elle peine à cacher son étonnement, tellement elle ne s’attendait pas à ça, considérant sa méconnaissance des ambulanciers.
- Tsé… Quand tu te sers du mauvais état des rues et des routes pour ajouter à la dérision, avec un chapitre exhaustif sur le kilométrage élevé des ambulances et leur état médiocre ! Incluant quelques qualificatifs bien sentis envers ton employeur, tout ça dans un objectif thérapeutique bien sûr, autant pour la patiente que pour l’ambulancier ! …
- Tsé… Quand ta patiente te raconte des pans de sa vie, à travailler 30 ans avec les enfants, qu’elle voit encore à tous les jours, de la fenêtre de sa chambre.
- Tsé… Quand elle te confie qu’elle ne verra pas grandir ses petits-enfants…
- Tsé… Quand rendu à l’hôpital, même si tu ne lui a pas, en tant que tel, « sauvé la vie », elle te remercie de tes services et de ta compagnie, sincèrement et chaleureusement, et que ça te fait chaud au coeur parce que ça, c’est ton vrai salaire…
- Tsé… Quand, même avec des moments de partage comme ceux-là, quand, au-delà des sourires et de la bonne humeur, tu es affecté jusqu’à l’os par le témoignage de tant de souffrance, et tu te demandes comment tu fais pour garder la tête hors de l’eau…
- Tsé… Quand… Ta présence bienveillante a fait passer un bon moment à une personne malade, et lui faire oublier quelque peu sa condition, tu te dis que quelque part, tu as bien fait ton job…
- Tsé… Quand tu conclus que tu fais le plus beau métier du monde, mais si seulement le ministère, l’ARS, le boss, les partenaires du réseau, les politiciens et puis la part du public qui sont jamais content, pouvaient faire l’effort de te comprendre, de te faciliter la tâche, et puis lâcher un peu de pression, ça irait teeeellement mieux ! …
Un ambulancier parmi tant d’autres…
Issu d’un texte rédigé par un Technicien Ambulancier québécois, un Paramedic au Québec. Modifié très légèrement pour les ambulanciers français pour adapter certains détails mais surtout en ne touchant pas au cœur de ce témoignage.