Encore un ambulancier qui se lance dans la chasse aux parking ? Non je vous rassure je n’ai pas l’intention de m’y mettre. Ce petit billet d’humeur n’est pas vraiment destiné aux ambulanciers mais plus aux usagers de structures de soins, au grand public, au chien de Tatie régine bref à tous ceux qui un jour poseront leurs 4 pneus sur le parking d’un hôpital.
Ces 4 pneus qui doivent apprendre à se ranger là où ils le doivent. Mon billet est destiné à apporter un peu de clarté dans les récriminations incessantes des ambulanciers face à ces fichues places. Mon but ? Éclaircir et débroussailler le sujet de façon claire, concise et précise. Reste à le faire lire au public concerné mais ça c’est votre job : partager et diffuser.
Parking et ambulanciers en mode râleur
On voit souvent fleurir des discussions, des coups de gueules autour de la machine à café ou aux abords des entrées des structures. Les ambulanciers ne cessent de râler contre les places manquantes, les difficultés d’accès et j’en passe. Certains vont trouver ces motifs stériles et complètement inutiles.
Je vais essayer au cours de ce billet de donner les tenants et les aboutissants même si on pourrait me reprocher de manquer d’impartialité. Et oui je suis et je reste un ambulancier avant tout. Mais qui peut expliquer mieux ce problème qu’un ambulancier qui lutte lui aussi contre ces problèmes quotidiens.
Parce qu’avant tout le patient prime
Et oui quand on (nous ambulancier) souhaite accéder à une structure de soin, on le fait dans le cadre de notre fonction de professionnel de santé (oui au passage on n’est pas boulanger.) En effet si je viens pour une démarche personnelle je viens avec mon véhicule personnel et je me débrouille comme tout consultant externe ou visiteur.
Je me rends donc dans le cadre de ma fonction avec mon véhicule : Véhicule Sanitaire Léger (VSL) ou encore avec une ambulance qui soit dit en passant peu importe son type; puisque avant tout elle est destinée au transport d’un patient allongé etc. en vue d’une consultation et/ou hospitalisation… Donc nous voici arrivé avec un patient donc dans le cadre de notre exercice professionnel. Nous œuvrons pour son bien car c’est ainsi que se décline notre travail. Notre priorité : son confort et sa sécurité.
Oui mais le patient si…
Oui mais si le patient utilise un transport sanitaire c’est que, en règle générale, il est en possession malgré lui d’un handicap moteur ou autre, un besoin d’être sous surveillance etc. Je passerais la liste éventuelle des possibilités le site améli.fr répond très bien aux questions sur les types de pathologies concernées ou non.
Donc si on râle c’est avant tout pour accompagner le patient et surtout lui permettre d’accéder aux structures de soin de façon sécurisée et avec une faible distance à parcourir. L’évidence est claire : limiter le déplacement, limiter l’exposition aux éventuelles intempéries, inconfort, assurer la sécurité de ce même patient. Je crois que c’est concis et suffisamment précis.
Oui mais le rapport avec les places de parking et les ambulanciers ?
J’y viens pas de panique. Dans les structures on trouve trois types d’emplacements : visiteur/consultant externe en véhicule personnel (véhicule léger de fait), personnel médical et paramédical (véhicule léger aussi avec autonomie garantie à 100% de ce même personnel sinon ils utiliseraient le parking CONSULTANT) et pour terminer l’objet des fâcheries : les places RESERVEES aux transports sanitaires.
Ces derniers dont j’ai listé le type plus haut. Des places disposées de façon à pouvoir faciliter les prises en charge et s’occuper des patients de façon OPTIMALE. Ces mêmes places que le personnel soignant (IDE, AS, Manip etc.), médecins voire même Forces de l’Ordre (si si je vous assure c’est la stricte vérité) mais aussi les visiteurs squattent allègrement sans foi ni loi. La croix rouge au sol ? Le panneau RESERVE AMBULANCE : « J’ai pas vu », « Je reste 5 minutes » « Je suis médecin moi monsieur j’ai des consultations ! »
Pauvre humain qui a la malchance de posséder une capacité de déplacement non entravée par quel problème médical que ce soit. Dur… Je n’ai rien contre les systèmes de places réservées à x ou y. Mais au moins qu’on nous laisse travailler dans des conditions optimales s’il vous plait. Moi quand je n’ai pas le choix je marche. J’ai une chance infinie de pouvoir me déplacer seul sans aide technique.
En clair le squatting des places dédiées aux ambulanciers de façon répétitive et quasi permanente sur l’ensemble ou presque du territoire ça devient usant. Usant pour œuvrer de façon qualitative. Déjà que l’on nous reproche assez souvent que nous sommes des incapables. Forcément ce point-là n’aide pas à nous améliorer… Marre de passer pour un jambon. Pourquoi ? je vais vous expliquer en quoi c’est problématique…
Question dignité et sécurité on repassera
De ce fait se garer de façon éloignée des entrées rend les prises en charge complexes et dangereuses. J’adore me trimballer avec un brancard, un patient, un obus d’O2, quelques perfs, un pousse seringue ou deux et traverser un parking immense blindé de piétons affichant à la vue de tous mon patient qui souffre et subit les regards de ces curieux « Han t’as vu chéri il ne va vraiment pas bien le monsieur » ou « Oh le pauvre, ils n’ont pas honte de le trimballer comme ça devant tout le monde ».
C’est d’un digne ! Encore plus quand le patient est un tant soit peu agité ou hyper algique certains ne seraient à peine gêné je suis sûr de filmer la scène avec leurs smartphones. Le tout sous la flotte, dans le froid avec une bonne brise à décorner les bœufs. Suffit que le drap s’envole et là c’est la catastrophe….
Je voudrais bien que vous puissiez vous imaginer ce que ça peut être humiliant pour la personne installée à même ce brancard. Les regards, les pensées, les attitudes de ce gens autour de soi. Le confort de voyager sur un brancard à subir les aspérités du parking, trottoirs et autres… sous la flotte ou par un soleil de plomb. Le tableau du brancardage c’est une chose mais seul c’est pire…
Oh mais je travaille moi !
En transport assis : traverser un parking d’une taille de supermarché avec un patient possédant des grosses difficultés à la marche ou avec problèmes cardio/respiratoire (rayer la mention inutile) qui s’essouffle rapidement et ne peut supporter l’effort; ou qui a un équilibre fort précaire voire inexistant. Bien entendu sans fauteuil roulant à disposition au domicile. Mais pourquoi ne pas le prendre à la structure de soin le fauteuil ? Bien entendu je n’y avais pas pensé.
Ah zut il n’y en a plus (ah zut c’est vrai il n’y en a jamais c’est la faute des ambulanciers encore !) Et puis au fait j’ai laissé mon patient seul dans la voiture sans surveillance (ben oui je ne pouvais pas m’arrêter devant l’entrée !). Zut il a fait un arrêt/malaise/avc/vomi/chuté/s’est barré déambuler pendant ce temps. Et je n’étais pas sur place. Bon je vais direct en tôle sans toucher 20 000 euros. Bah oui qui est le responsable du patient lors de son transport ?
Mais aussi une fois dans le service, accueil etc choisissez votre lieu, on en entend des jolies :
- Aaaaaaaaaaaah ben il a laissé le patient se tremper le chauffeur (bonjour c’est le livreur) ! Mais ce n’est pas possible il est incompétent ! Il bosse chez Fedex lui hein l’brancardier. T’as vu ça Josette ! Je vais appeler le cadre de santé ! Je vais téléphoner à vot’patron vous allez avoir des ennuis je connais du monde ! C’est une honte monsieur.
- Mais non cona*** je ne pouvais pas le descendre plus près il y avait ta put*** de caisse garé à la place réservée. Celle où il y a marquée : réservée A-M-B-U-L-A-N-C-E. Pas possible de garer votre poubelle ailleurs ? Elle n’avait pas de parapluie pour se protéger ? Elle ne voulait pas se mouiller ?
- Ah mais vous savez on travaille nous monsieur ne soyez pas insultant ! Et puis ce n’est pas ma voiture
- …. Et moi je fais quoi là ? du tricot ? Et qui je vient de voir se poser là en tortillant 2 minutes avant que j’arrive sur place ? Elle a pas vu le panneau ?
Les excuses de ce type j’en entends à la pelle. Encore plus si on pousse le bouchon à bloquer les véhicules hors la loi. Le fautif, car il l’est, est loin de reconnaitre son erreur. Il ne se gêne jamais pour te deverser tout son fiel. L’ambulancier il n’a que ça à faire etc… Dans ce genre de moment j’adore entendre les patients râler contre ce genre d’énergumène. Car eux ils sont pas tendre 😀
Et pourtant les assos luttent continuellement
Et encore heureux les associations ambulancières luttent contre vent et marée afin de tenter toujours de faire avancer les choses. Des discussions avec des staffs de costards cravates qui parfois daignent à peine se déplacer et se curant les ongles en baillant pendant que les problèmes sont exposés; aux réunions constructives avec des staff d’autres structures, compétent, à l’écoute et qui font le maximum pour aider les ambulanciers pour pouvoir trouver des solutions ensemble pour le bien être des patients.
Deux tableaux qui s’affrontent. Je n’invente rien ce n’est qu’un constat global sur l’ensemble du territoire issu des réunions d’associations diverses. Par chance dans mon secteur on est pas trop à plaindre, du moins pas au point de certains endroits ailleurs.
Nous n’oeuvrons pas pour nous
Donc oui les ambulanciers passent leurs temps à pester car c’est compliqué. C’est usant de toujours et toujours se demander « mais bordel je fais comment pour me garer ». Parce qu’avant tout on ne le fait pas pour nous. Non les kilomètres à pied on en effectue assez par jour pour ne pas avoir peur de se garer loin si nous sommes SEULS. On râle car ça pénalise le cœur de notre job : le patient. Pour une très grosse partie de cette population ce sont des gens fragiles, usés, fatigués. Ils ont besoin d’aide quand ils ont (pour certains) la chance de pouvoir (encore) se déplacer.
Ils ont besoin qu’on leur facilite les choses et non pas qu’on leur complique. En brancard il faut pouvoir aussi respecter leur confort et leur intimité. Donc à toi lecteur qui lit ces lignes j’ose espérer que la prochaine fois tu te poseras la bonne question lorsque tu poseras tes 4 pneus dans un parking d’hôpital.
Tu penseras non pas à nous mais à tous ces gens que nous emmenons. Car nous ne sommes pas une cible, nous effectuons une tache, un métier, une mission. Et la finalité c’est le patient, toi peut être aussi un jour, va savoir, tu seras à cette place. Et tu comprendras alors que je ne cherche pas à me battre pour une broutille mais bien un réel problème qui a des conséquences sur quelqu’un : toi, lui, ton voisin, un inconnu qui souffre.
Sources des photos : https://www.facebook.com/Catsuf/