Ambulancier, difficultés…
Randoo, ambulancier, nous a adressé son témoignage après avoir lu le témoignage de Judith Ascher sur le calvaire vécu par son père François Ascher, en phase terminale d’un cancer, lors d’un transfert en ambulance. En tant qu’ambulancier en poste depuis deux ans, je suis toujours intéressé de lire les témoignages qui mettent en cause les ambulanciers.
Par le biais de cet article, je souhaite non pas donner des excuses aux agissements parfois scandaleux de mes collègues, mais plutôt donner des explications pour comprendre les comportements que l’on peut avoir par moment. Tout d’abord, il faut savoir que toutes les sociétés d’ambulances sont indépendantes avec des patrons, des ambiances et des méthodes de travail complètement différentes. Lors de ma formation, un formateur nous a conseillé de trouver l’entreprise qui nous convenait le mieux, selon nos caractères.
Ambulanciers des villes, ambulanciers des champs
Déjà, si l’entreprise est située dans une grande ville ou au contraire, à la campagne, les transports ne sont pas les mêmes. Pour expliquer cela, il faut comprendre les tarifs des transports payés par la Sécurité sociale. Par exemple, pour un transport intra-muros d’une grande ville, c’est un forfait d’un peu plus de 50 €, et pour un transport plus long, il y a un forfait de 50 € aussi pour les trois premiers kilomètres puis un peu plus de 2 € pour les kilomètres suivants. Donc, pour une entreprise implantée en ville, ce qui compte, c’est le nombre de personnes transportées dans la journée alors qu’à la campagne, ce qui compte, c’est le nombre de kilomètres effectués.
Pour mon cas, j’ai préféré travailler à la campagne car il faut une heure pour aller au CHU le plus proche et ça laisse le temps de discuter avec les clients. Autre différence entre la ville et la campagne : le cas d’une consultation. Les ambulanciers qui sont proches vont laisser le patient et repartir pour d’autres missions et parfois mettre pas mal de temps pour revenir chercher le client.
Alors que ceux qui ont une heure de route vont attendre le patient, puisque ça ne vaut pas le coup de repartir, à la fois à cause du coût du carburant et du temps passé. Avec les restructurations des hôpitaux, le personnel est de moins en moins à l’écoute avec les patients. J’ai eu la chance de trouver dès le premier contrat, une entreprise qui correspond vraiment à ma façon de travailler.
Nous respectons nos clients car dans une petite ville, si nous ne faisons pas bien notre travail, la rumeur court vite déjà entre clients mais aussi dans les oreilles des patrons. Dans une grande ville, il faut déjà savoir quelle société vous a transporté, ce qui n’est pas toujours évident, et en plus, les informations ne remontent pas forcément jusqu’aux patrons. L’ambulancier est souvent une passerelle entre l’hôpital et le patient, ce qui peut nous mettre parfois dans des positions inconfortables.
Avec les restructurations actuelles des hôpitaux, le personnel est de moins en moins à l’écoute avec les patients mais aussi avec nous. Il est donc très difficile pour nous, ambulanciers, transportant des clients qui ont des pathologies plus ou moins graves, d’avoir les informations médicales de notre clientèle pour permettre d’avoir les gestes et la conduite les mieux adaptés.
Un secteur en manque de personnels
Enfin, malheureusement, beaucoup de gens sont devenus ambulancier, car c’est un secteur qui est en manque de personnel et l’embauche y est facile. Mais tous n’ont pas forcément la motivation de bien travailler. On croise souvent des militaires à la retraite, des chômeurs longue durée…
J’ai même vu un homme envoyé par l’ANPE pour effectuer un stage alors qu’il n’avait même pas le permis de conduire et qu’il faut au moins 2/3 ans de permis pour pouvoir y travailler. Contrairement à ce que les gens pensent, le métier d’ambulancier est difficile. Les employés restent en place en moyenne 4 ou 5 ans seulement. Le turn-over est très important.
L’article original c’est ici : http://www.rue89.com/2010/02/02/je-suis-ambulancier-un-metier-difficile-136436
Merci à Rue89.com pour m’avoir accordé l’autorisation de publier cet article.