J’ai déjà abordé le thème de la formation à la conduite et l’utilité d’une telle formation pour les ambulanciers. Actuellement, ces formations sont malheureusement réservées aux ambulanciers SMUR et non incluse de facto dans la formation initiale de l’ambulancier. Il est dommage de ne pas harmoniser la formation conduite, avec des niveaux différents, à tous les acteurs du secours, aussi bien les ambulanciers que les sapeurs-pompiers ou secouristes associatifs.
Aujourd’hui, nous allons plutôt parler de l’ambulance comme d’un outil pédagogique, servant de lieux de formation pratique, permettant ainsi aux apprenants « futurs ambulanciers » de s’approprier l’espace de la cellule d’ambulance, environnement clos, réduit, où ils passeront une majeure partie de leur temps de travail.
Etat des lieux actuel des ambulances de formation
A ce titre, qui n’a pas connu sur le parking de l’IFA (Institut de Formation Ambulancier) l’ambulance reformée, hors d’usage, hors d’âge, qui sert alternativement au module 3 (hygiène) en nettoyant des surfaces jaunies par le temps, voir les champignons qui y prolifèrent à cause de l’humidité environnante, et au module 4 (ergonomie et manutention) avec un brancard bien souvent inutilisable et d’une table de brancard rouillée sur laquelle il faut forcer pour renter et sortir un brancard brinqueballant, et des poignées de portes cassées par les manipulations successives.
Ou alors, comme dans deux IFA ou j’ai eu la chance de travailler, un caisson en bois ou l’on avait installé un rail avec un brancard, fruit de la réflexion des formateurs voulant un outil proche de la réalité, fait avec les moyens du bord. Je vous l’accorde, ce n’est pas top mais c’est toujours mieux que rien …
Puisque certains n’ont même pas cette chance
Mais heureusement, il existe quand même des lieux où le matériel est plus récent, voire roulant, permettant ainsi une prise en main in situ, que ce soit en terme de conduite, facilitant ainsi l’appréhension de la physiopathologie du « transport » et de la manipulation du brancard, à l’entrée ou à la sortie de la cellule, avec patient, dans de bonnes conditions.
Cependant, car il y a souvent un bémol, il s’agit souvent de moyens volumes, voir même de Kangoo « ambulances ». Oui, ça existe … (probablement un problème de coût) laissant peu de place à la réalisation des gestes de soins d’urgences, de surveillance, mais aussi de nursing puisque cela fait aussi partie de notre travail surtout lorsque l’on est amené à faire de longues distances (rapatriements, transferts,…), mais pas que, même sur un 15 il nous appartient de faire le maximum pour le bien-être de nos patients (souillures diverses, et vomissements en tous genres).
Le souci d’apprendre dans ce genre de véhicules est aussi dans les délais de mise en place et de logistique (véhicule garé loin, ne démarrant pas, servant de lieux de stockage, etc …), laissant des plages réduites dans l’emploi du temps déjà bien limitées des apprenants.
Nouvelle génération et ambulances de formation
A côté de cela, depuis quelques années, certains visionnaires ont eu des idées afin de faire évoluer les choses avec des produits innovant et intéressant qui permettent de se projeter à l’intérieur d’une cellule d’ambulance. Favorisant ainsi une immersion la plus proche de la réalité. Ce qui permettra aux élèves Ambulanciers de se confronter au futur de leur profession en leur ménageant ainsi une arrivée plus sereine dans le métier, surtout pour ceux dont c’est une découverte totale.
Le caisson de formation :
Il y a quelques années, la société Coréadis (société française d’aménagement de matériel et de fourniture d’EPI) en partenariat avec le carrossier Lidy, avait mis au point une structure métallique représentant une cellule d’ambulance. C’était en juin 2014. Une autre mouture de caisse de ce type a été réalisée par Gifa Collet avec une partie thermoformée.
Ces « caissons » avaient pour but d’être mis en place à l’intérieur des locaux de formation et ainsi de travailler au chaud, à la vue de tous, en ayant les limites de la cellule. A savoir : la place, le brancard et sa table et des cloisons non modulables. Cette réalisation est le fruit (pour Coréadis) de la réflexion d’un ancien ambulancier devenu aménageur d’ambulances et donc correspondant réellement aux besoins de la formation et du monde ambulancier.
Cet outil a été adopté par deux/trois IFA, dont celui de Lyon. C’est dommage qu’il n’y ai pas eu plus d’exemplaires car cela permettait une projection plus réaliste que le brancard à même le sol ou posé sur une table de cours et deux ou trois chaises au milieu d’une salle. Le tout agrémenté des instructions du formateur délimitant la surface au sol, simulant ainsi l’intérieur d’une ambulance ou d’un VSL (c’est du vécu pour nombre d’entre nous, je pense).
L’ambulance reconditionnée
Autre solution, l’Automobile Club de l’Ouest propose, dans sa formation de conduite à destination des ambulanciers SMUR de se mettre en condition en laissant le stagiaire passer de pilote à patient sur le brancard. Cette méthode favorisant ainsi la compréhension du retentissement de la conduite sur la physiologie de la personne transportée en fonction de sa pathologie. Il serait d’ailleurs souhaitable que tout futur ambulancier fasse au moins une fois un trajet allongé sur le brancard, sur un trajet lambda, pour comprendre ce que peut ressentir un patient sur une route chaotique, le dos à la route, en urgence ou non.
Les CESU (Centre d’enseignement et soins d’Urgence : les écoles des SAMU) ne sont pas en reste puisque certains d’entre eux ont choisi de reconditionner des ambulances de réanimation trop âgées pour le service actif mais encore en bon état, afin d’avoir des véhicules roulants. Ceci donne ainsi l’occasion de faire de la vraie simulation, correspondant aux attentes et besoins de formation des stagiaires mais aussi des formateurs qui par le fait, bénéficient d’un vrai lieu de travail.
La plus aboutie, à ma connaissance, étant je pense le Centurion 21 (pour Cellule d’Entrainement à l’Urgence Réanimation) du CESU 21. Ce véhicule réalisé avec une ancienne ambulance UMH (Unité Mobile Hospitalière) possède à son bord tout le matériel embarqué que l’on peut trouver à l’intérieur de ce type de véhicule (Multi-paramètres, Seringues auto Poussées, respirateur de transport, etc…), ainsi qu’un mannequin de simulation installé confortablement sur le brancard ; poussant le réalisme et l’interactivité en plongeant les équipes dans leur outil de travail (exiguïté du lieu, surnombre des intervenants, etc…).
Ce véhicule sert à la formation des ambulanciers, mais aussi des équipes. Il est modulable en UMH, ou en ASSU. A noter aussi que ce véhicule dispose à son bord de caméras embarquées utilisées par les formateurs pour interagir avec les apprenants tout au long de la simulation avec des micros, mais aussi de débriefer à chaud les cessions de simulation.
Nouveau produits : Médic Concept
Il y a peu, Médic Concept France, société d’aménagement de véhicules sanitaires, a mis en ligne sur sa page Facebook les photos d’une ambulance neuve, pensée et fabriquée pour la formation. Cette ambulance, sur base de fourgon, est équipée d’un panneau latéral ouvrable qui laisse entrevoir du coup l’intérieur de la cellule sanitaire dans son ensemble tout en conservant l’espace de travail. Les photos publiées laissent voir un magnifique outil de formation.
Conclusion
Rappelons que l’ère est à la simulation tout azimut en matière de formation, se rapprochant ainsi le plus possible de la réalité.
Les instituts ou établissements de formation au transport routier ont du matériel de formation semblable à ce que les élèves auront dans les mains plus tard : l’AFTRAL des poids lourds, des bus, des simulateurs de conduite, des matériels de levage.
Les écoles des SDIS investissent pour faire des centres avec des modules correspondant le plus possible à la réalité du terrain (wagon de train, portions d’autoroutes, appartements, etc …) et des VSAV dédiés à la formation identiques à ceux que les pompiers trouveront dans leurs centres d’interventions (comme le reste des véhicules d’ailleurs), les habituant ainsi à avoir des réflexes et une connaissance de leur matériel de travail.
Les CESU s’y mettent aussi avec de vraies chambres d’hôpitaux reconstituées avec tout le matériel que l’on peut y trouver mais aussi une ambulance comme le « centurion 21 ». Les grands groupes d’aéronautique idem, depuis longtemps, avec des cabines de simulation de vol, copies conformes des avions en vols.
Il est donc indispensable pour les ambulanciers, par l’intermédiaire des IFA, de ne pas rester en retard et de se lancer dans un vrai défi sur la formation , avec de vrais lieux de formation, reconstitution de chambre, d’appartement et surtout d’ambulances réservées et pensées pour ces formations. Mais cela ne va pas être chose facile, quand on voit la façon de penser de certains qui veulent réduire le temps de formation et nos façons de travailler, cela semble compromis. Dommage, car si l’on veut « upgrader » notre niveau et nos compétences, il est indéniable qu’il faut passer par ce genre de lieux de formation et de simulation pour l’avenir de notre profession.
A noter qu’en matière de formation la société d’ambulances Jussieu Secours Brest (sans vouloir faire de promo déguisée pour ce groupe) a une longueur d’avance car il y a dans leurs locaux un centre de simulation destiné à la formation continue des ambulanciers, se rapprochant ainsi le plus possible de la réalité des prises en charge. Ce module de formation est composé d’un caisson représentant, une chambre médicalisée et un salon avec un mannequin connecter et d’un formateur qui, à travers des vitres sans teint, peu suivre les gestes réalisées par les stagiaires.
Crédit photos :
https://www.lidy-carrosserie.com