Stage de conduite d’urgence pour les ambulanciers
Franck en avait déjà parlé dans l’ambulancier pour les nuls en avril 2013. J’ai fini par enfin faire ce fameux stage organiser par l’Automobile club de l’ouest (ACO), sur une partie du circuit mythique des 24 heures du mans, la partie «Maison Blanche» homologuée et sécurisée.
Je n’en suis pas à mon premier stage de conduite ayant fréquenté de part mon poste d’ambulancier dans un smur, des centres comme Centaure, et l’automobile club prévention. Mais la j’ai noté rapidement une différence, si les premières structures proposent des stages de prévention, de maîtrise du véhicule à allure réduite (le circuit étant recouvert d’une résine permettant de simuler la perte d’adhérence, et les pneus lisses, et une vitesse simulée), le stage du mans lui se fait a vitesse réelle.
En l’occurrence vitesse réelle ne veut pas dire conduire comme un « bourrin », mais cela permet d’être dans une configuration proche du quotidien puisque le circuit le permet, et les véhicules aussi d’ailleurs.
Jour 1 :
Après une collation, le stage commence par un tour de table, des participants, ainsi on se rend compte que dans certains smur ce sont des infirmiers, ou des aides soignants qui conduisent. Puis les formateurs présentent le planning de formation, qui alterne théorie et pratique afin de mettre en œuvre au mieux les techniques enseignées.
Puis c’est parti on rentre dans le vif du sujet : on se retrouve à deux ou trois par véhicules avec un moniteur, et on va enchainer les exercices. On va travailler, la souplesse, les trajectoires, le regard en gommant les mauvaises habitudes que l’on peut avoir emmagasinées, tout ça dans une bonne ambiance, ou les moniteurs ne sont pas là pour mettre le doigt sur les défauts mais pour les corriger et obtenir des résultats positifs faisant ainsi que l’apprenant trouve lui-même des solutions afin de réussir les tests.
Le midi un repas pris entre moniteurs et participants permet d’échanger sur les modes de travail et les véhicules en dotation ci et là et on remarque une certaine disparité. Un peu plus tard on s’installe dans des voitures montées sur des chariots avec des vérins et là on se retrouve à gérer sous et survirage, pluie, neige, verglas, hydroplanage, le tout en gardant sa trajectoire et encore une fois en faisant travailler ce fameux regard avec ses points de repères.
Puis viens le temps des freinages d’urgence et des évitements, avec différent exercices qui permettent de prendre en compte des données aussi diverses que la vitesse, le revêtement, la charge du véhicule, mais aussi la qualité du freinage, la longueur de celui-ci … et là on se fait quelques frayeurs. Le test d’évitement est particulièrement stressant on roule à environ 90kmh et l’on passe devant une balise qui allume des feux face à nous, et en fonction du feu allumé il faut soit freiner, soit éviter par la gauche ou la droite et tout ça sous l’œil aguerri du moniteur et surtout sous la surveillance des capteurs électroniques qui eux ne pardonnent pas.
L’utilisation de l’informatique embarquée sur les exercices permet de se rendre compte des corrections faites au fur et à mesure, mais aussi des temps de réaction qui ne sont pas estimés comme dans d’autres stages mais cette fois ci bien réel, efficacité de freinage, etc… Et l’on s’aperçoit qu’une conduite préventive permet de réduire le temps de réaction ; cette fameuse seconde de temps de réaction avant le temps de freinage et du coup de réduire aussi la distance d’arrêt. A la fin de cette première journée on est rincé, un bon repas en centre ville du Mans avec mon collègue et chacun rejoint sa chambre d’hôtel pour une nuit réparatrice, la journée de demain risquant d’être aussi fatiguante qu’enrichissante.
Jour 2
C’est parti pour une succession d’évitements et de mise en œuvre de l’ESP, faisant en plus travailler le regard. Les tours s’enchainent sous les conseils des moniteurs de l’ACO. On arrive même à prendre quelques initiatives afin de se retrouver de temps en temps en échec avec un ou plusieurs cônes de Lübeck sous la voiture, mais ce n’est pas grave au moins on a essayé, et ce sans faire prendre de risques aux piétons ou autres usagers de la route.
Ensuite place à la conduite de la fameuse ambulance jaune de l’ACO équipée d’un brancard d’un autre âge sur lequel un des stagiaire prendra place pendant qu’un autre conduira…. Un bon moyen de se rendre compte de se que l’on ressent à l’arrière, mais aussi le moment de se faire quelques vacheries entre collègues. C’est un exercice que je pratique à l’occasion de mes cours en IFA, afin que les élèves abordent la conduite différemment, mais cela se passe en ville à allure adaptée, pas sur circuit ou l’on peut se permettre d’y aller un peu plus fort …
Nouveau repas pris ensembles ou les groupes se reforment, ou se modifient tout en permettant de nouveaux des échanges instructifs sur nos manières de travailler, l’occasion aussi d’échanger quelques histoires de chasse.
Puis les groupes vont se scinder de nouveau et l’on va retourner faire un peu de théorie, sur les éléments de sécurité des véhicules actuels (ABS, AFU, ESP) et futurs afin de bien comprendre les aspects sécuritaire mis en place par les constructeurs automobile.
Et de nouveau le circuit, avec pour finir en apothéose ce stage la mise en pratique à vitesse réelle des techniques apprises pendant ces deux jours. Cet après midi permet aussi de voir pendant presque 3 heures l’évolution des participants entre leur arrivée et la fin du stage.
Bilan de cette formation
Ce genre de stage est bénéfique, et doit être renouvelé régulièrement afin d’entretenir les acquis. C’est pour cela aussi que l’ACO propose un niveau 2 à ce stage avec une partie de conduite de nuit afin de parfaire les connaissances.
Pour ma part je m’aperçois 3 mois après, qu’il y avait ce que je faisais avant ce stage grâce a mon expérience et aux autres formations de conduite, mais qu’il y a aussi ce que j’essaye, et que je mets en application à l’issue de ces deux jours denses en informations et en conduite.
Réflexion
Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres pays, je n’ai pas trouvé beaucoup de littérature sur la formation à la conduite des ambulanciers ou paramédics de part le monde…
Mais je pense qu’en France ce type de stage devrait être une étape obligatoire dans le cursus de formation de tous les conducteurs, ambulanciers smur, ambulanciers, et autres services de secours. Pourquoi pas un module à part entière et pas juste une journée, avec dans les IFA des véhicules dédiés à ces pratiques. Cela se fait déjà dans quelques écoles mais ça reste anecdotique par rapport au reste du DEA.
Bref malheureusement actuellement ce n’est pas le cas, et c’est dommage surtout quand on lit ou on voit dans les médias ou les réseaux sociaux les nombres d’accidents impliquant des véhicules de secours, blanc ou rouge et voir bleu. L’apprentissage sur le terrain, en entreprise est une bonne chose mais quand l’on voit des ADE, ou AA sortir des IFA et prendre le volant d’ambulances du jour au lendemain pour effectuer des urgences, on se rend compte qu’ils manquent cruellement de bases et de techniques de conduite.
Depuis peu on voit de ci de là apparaitre des simulateurs de conduite d’urgence, dans certains IFA ou sur les salons dédiés aux secours, normal en effet puisque on est à l’heure de la simulation à gogo tant au niveau médicale, que pilotage ou autres. Il est à noter qu’une centaine d’agences du réseau d’auto-écoles ECF bénéficient de ces simulateurs permettant de réduire le temps d’apprentissage.
Cette simulation permet de former le personnel avec des réductions de coût, et en toute sécurité, le geste dangereux n’ayant pas de « conséquence » mais il n’en reste pas moins que la conduite avec un moniteur à côté de soit est un plus puisqu’elle permet un échange immédiat en se basant sur les apports et les compétences du formateur.
En tout cas ces formations de conduite sont plébiscitées par un nombre croissant de personnes, le bouche à oreille fonctionnant. Et par la même de ne plus passés pour des « fous du volants » mais des professionnels de la route.
http://lemansdriver.fr/formations/2-jours-samu-smur.html
Rédigé par Jean François Charles, ambulancier SMUR et formateur en IFA.