Le traumatisme crânien
La mort de Natasha Richardson met en évidence la manière dont une banal accident se transforme en crise majeure et fatale. Elisa, 3 ans, se promène au musée avec son père. Elle tombe et sa tête heurte durement le sol. Elle pleure, s’arrête de pleurer puis reprend la balade avec son père. Une heure plus tard, elle se met à vomir et à convulser.
Transportée aux urgences en moins d’une demi-heure, les médecins se battent pour la maintenir éveillée, un abord veineux en place. Le scanner est prêt. Elisa a eu de la chance: il y a bien eu un oedème cérébral, mais pas d’hémorragie. Aujourd’hui, elle va très bien. Natasha Richardson n’a pas eu cette chance. Elle est morte d’un banal Traumatisme Crânien.
Mécanisme du traumatisme crânien
La tête en mouvement est stoppée brutalement par un obstacle quelconque (mur, volant, pare-brise, sol…). L’encéphale effectue un mouvement pendulaire dans la boîte cranienne: il est à son tour stoppé sur la partie frontale du crâne, puis rebondit sur la partie occipitale… Une première compression frontale. Puis une deuxième compression lors du rebond.
Siège
Le siège des lésions et leur nature sont déterminants. Un hématome épidural, accumulation de sang entre la boîte cranienne et la dure-mère) ou un hématome sous-dural accumulation de sang entre la pie-mère et le cerveau) ont un ratio de mortalité de 50 %. Une hémorragie cérébrale est plus sérieuse. D’autres blessures incluant les fractures du crâne pouvant mener à des hémorragies cérébrales et à des inconsciences prolongées ont des effets dramatiques par oedème cérébral avec de potentielles séquelles irréversibles sur l’encéphale et les fonctions cognitives.
Signes
Ils ne sont pas toujours évidents à détecter d’emblée. Céphalées allant empirant, confusion, désorientation, vomissements. Discours indistinct, somnolence, regard vague, coordination motrice altérée et “amnésies” de toutes sortes…, les signes progressent graduellement, jusqu’à atteindre le point critique où la victime ne peut plus être “réveillée”…
Actes ambulanciers: Bilan très rapide avec évaluation neuro +++, GSC, réactivité pupillaire, plus hémodynamique. L’idéal est de pouvoir appliquer la Golden Hour (une heure maxi entre l’appel et la dépose de la victime au bloc opératoire). Ce système n’est hélas pas en vigueur en France. On demandera donc un gentil renfort SMUR qui mettra 10 ou 15 minutes pour se pointer – 10 ou 15 minutes de perdues pour acheminer la victime vers le plateau technique avec bloc op’, VIVE LA FRANCE – on couvre, on rassure, on parle à la victime, on la maintient éveillée, en attendant le renfort… Puis on se met à disposition du SMUR lorsqu’il se pointe enfin…
Devenir de la victime
Il dépend des délais de réponse. Si l’entourage appelle d’abord le médecin traitant au lieu de composer le 15 d’emblée, on creuse déjà la tombe potentielle. Si les secours mettent du temps pour arriver sur place, on creuse encore un peu plus… ! En général, une hospitalisation avec la médication appropriée rétablit la victime dans ses fonctions supérieures, SI et SEULEMENT SI le délai de prise en charge a été compressé en amont. Ce qui, avec le système de secours français à rallonge de temps, est loin d’être le cas…
(Sources: Brain Injuries, Vancouver Paramedic Academy, EMT-P Training & Practice, Dr Carmelo Graffagnino, Director of the neuroscience critical-care unit at Duke University, feedback personnel)